En mission d’enseignement de deux semaines à l’université Omar Bongo de Libreville, le Pr. Gora Mbodj, enseignant chercheur au département de sociologie de l’université Saint-Louis du Sénégal, a été invité, dans l’après-midi du mercredi dernier, par le département de sociologie et la Coordination des activités des étudiants en sociologie (CADES) de l’UOB, à animer une conférence publique sur le thème « la construction du genre au Sénégal ».
L’enseignant chercheur, en provenance du pays de la « Téranga » a, dans son propos liminaire, rappelé qu’ « en Afrique, notamment en milieu sénégalais, le masculin et le féminin déterminent la personne dans les statuts, les rôles et les fonctions de la vie sociale (….) Ainsi, même le sevrage suit le processus de différenciation des sexes».
Concernant la « genèse de l’inscription différenciée des genres au Sénégal », il affirme que : « de la naissance à l’âge adulte, la socialisation traditionnelle de la jeune fille et celle du jeune garçon » suivent, séparément, des itinéraires gradués.
Ainsi, alors que le processus de socialisation de la fille accorde une importance particulière à la beauté corporelle et à l’inculcation des valeurs morales cardinales qui doivent caractériser la femme, particulièrement dans la société ouest-africaine, chez le jeune, c’est le développement de la force, sinon la puissance physique et morale qui prime.
Autrement dit, chez la fille, « il s’agit de construire un corps harmonieux, malléable, souple, accueillant et gracieux. Ce corps doit être celui du plaisir à voir, du plaisir dans les rapports sexuels. C’est un corps omnisexuel », alors que chez le jeune homme « il s’agit d’élaborer une personne de labeur puissant, de force, une personne responsable, une personne protectrice. Il faut alors “fabriquer” un corps musclé, une personnalité de résistance et d’endurance ».
En somme, s’agissant des rôles et des fonctions, l’inscription des hommes et des femmes dans le tissu social est différenciée et hiérarchisée.
En rappel, le Pr. Gora Mbodj, présent à Libreville depuis le 21 avril dernier, animera, avant son départ prévu le 5 mai, un ensemble de séminaires de méthodologie et de sociologie et une autre conférence sur « les nouvelles sociologies » prévue le 30 avril prochain.