Les dernières élections primaires auront lieu le 3 juin dans le Montana et le Dakota du Sud mais, depuis des semaines déjà, ont commencé aux Etats-Unis les spéculations sur l’identité des colistiers que présenteront, cet été à la convention de leur parti, les futurs candidats démocrate et républicain à l’élection présidentielle de novembre.
Côté républicain, John McCain a réuni dans son ranch de l’Arizona, samedi 24 et dimanche 25 mai, trois candidats potentiels à la vice-présidence : le gouverneur de Floride Charlie Crist, le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal et l’ex-gouverneur du Massachusetts et ancien rival du sénateur de l’Arizona dans la course à l’investiture, Mitt Romney. Mais d’autres noms susceptibles de figurer sur son « ticket » sont régulièrement cités par les médias américains : Tim Pawlenty (gouverneur du Minnesota), Robert Portman (ex-représentant de l’Ohio) et Mike Huckabee (ex-rival de McCain et ancien gouverneur de l’Arkansas). On n’exclut pas des surprises, comme une colistière féminine qui pourrait être Meg Whitman, ex-PDG de eBay. La liste est loin d’être exhaustive.
Côté démocrate, Barack Obama, le candidat le mieux placé, a déjà chargé un financier, James Johnson, d’une mission de prospection, pour qu’émergent une quinzaine de « vice-présidentiables ». M. Johnson avait rejoint l’équipe de campagne de M. Obama en 2007 et joué un rôle similaire auprès de John Kerry en 2004 et de Walter Mondale en 1984.
« VICE-PRÉSIDENTS COMPATIBLES »
Au-delà des spéculations sur un « ticket » Obama-Clinton, on étudie les chances des sénateurs Joe Biden (Delaware), Jack Reed (Rhode Island), Claire McCaskill (Missouri) et Chris Dodd (Connecticut), de l’ex-sénateur Tom Daschle, des gouverneurs Bill Richardson (Nouveau Mexique), Janet Napolitano (Arizona) et Ted Strickland (Ohio), de John Edwards, ancien candidat aux primaires. Là aussi pourrait se profiler une surprise comme le sénateur républicain Chuck Hagel (Nebraska), hostile à la guerre en Irak.
M. McCain aura 72 ans lors du scrutin. « Il doit choisir quelqu’un dans la cinquantaine, énergique, capable de le remplacer s’il n’effectue pas de second mandat », dit le politologue Thomas Mann, de la Brookings Institution. Jeune, peu au fait des jeux politiciens de Washington, M. Obama devrait opter pour « une personnalité expérimentée ».
John McCain a commencé à se démarquer du président Bush pour gagner les indépendants, mais il est confronté à une inquiétante absence de mobilisation d’un Parti républicain hétérogène. Conservateurs, réformateurs, droite chrétienne : il ne doit s’aliéner personne. M. Obama a un « problème », lui, avec les classes moyennes blanches âgées. Il doit les rassurer.
Enfin, sur quel thème prioritaire se jouera la campagne : la récession, l’Irak et le terrorisme ? M. McCain est jugé « faible » sur l’économie, M. Obama inexpérimenté en sécurité nationale.
M. Mann analyse ainsi les critères de sélection : d’abord, le candidat « élimine : il ne prendra ni quelqu’un qui pourrait faire l’objet d’une campagne adverse négative, ni une personne avec qui il aurait du mal à travailler une fois élu ». Puis le candidat étudie la liste des « vice-présidents compatibles ». Le choix s’effectue en croisant les « plus » que chacun lui apporterait.
Hormis dans de rares cas (comme Dick Cheney, lors du premier mandat de M. Bush), le vice-président joue traditionnellement un rôle mineur aux Etats-Unis. Mais sa désignation constitue la première décision présidentielle d’un candidat, indicative de ses choix de campagne et de la future politique qu’il mènerait.
Quand connaîtra-t-on les noms ? M. McCain, qui a pris un temps d’avance, pourrait l’annoncer assez vite. M. Obama a déjà expliqué à Porto Rico, où une primaire aura lieu dimanche, qu’après le 3 juin, il se décidera « rapidement ».