Pour Nicolas Sarkozy, les rois du pétrole méritent tous les éloges. Quant aux mots « dictatures », « corruption » et « droits de l’homme », il faudra penser à les faire disparaître du dictionnaire… et du programme électoral du candidat Sarkozy.
Un « modèle » des relations franco-africaines : c’est ainsi que Nicolas Sarkozy envisage la diplomatie avec l’Angola. Voilà une ambition qui devrait réjouir les régimes les moins reluisants du grand continent. Lorsque le chef de l’Etat a décliné ce programme devant les expatriés français à Luanda, il n’a pas pris la peine de préciser ce que personne n’ignore, à savoir que le régime angolais est classé parmi les plus corrompus de la planète par Transparency international, arrivant 147ème sur 179 avec une note de 2,2 sur dix…sans même parler de l’Angolagate, un banal « malentendu ». Doit-on comprendre que le modèle des pots-de-vin contre le pétrole – dont regorge ce pays – va devenir la norme ? Cela n’a, en tout cas, pas l’air d’effrayer Christophe de Margerie, le DG de Total, pas plus que les émissaires de Thalès ou de la Société générale qui accompagnaient le Président pendant toute la visite angolaise de ce week-end, stylo et contrats à la main.
Des droits de l’homo petrolicus
Il faut, malgré tout, relever une certaine cohérence dans la diplomatie sarkozyenne. En voyage en Algérie en décembre dernier, il n’avait pas hésité à célébrer ce pays « stable et pluraliste, prospère et dynamique, capable de transformer sa richesse d’aujourd’hui en investissements pour demain ». Sans même juger la qualité démocratique du régime d’Abdélaziz Bouteflika, si l’on s’en réfère encore au classement de Transparency international, on observera simplement qu’Alger se situe à peu près dans les mêmes eaux que Luanda, avec une note de 3 sur 10 qui lui permet d’être bon 99ème au classement. Mais comme le rappelait Sarkozy, l’Algérie est aussi un « partenaire privilégié » de la France, surtout à l’heure où le prix du baril atteint des sommets. Et puis, lorsque l’on assure trouver au royaume du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali (au pouvoir depuis 21 ans), « ce que la Méditerranée a apporté de plus beau et de plus riche aux échanges entre les hommes », les critères évoluent, forcément…
A la limite, la vraie question serait plutôt de savoir qui a écrit certains passages forts curieux du programme électoral de Nicolas Sarkozy. On y trouve des phrases comme : « Je favoriserai le développement des pays pauvres, en cessant d’aider les gouvernements corrompus (…) Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’Homme au nom de nos intérêts économiques. »… Sûrement l’œuvre d’un stagiaire mal informé sur la diplo selon Sarko.