Mauvais présage, ou pas du tout, en tout cas les mauvais signes se multiplient dangereusement dans le secteur de l’Education nationale et de l’Instruction civique à un moins de deux mois de la fin de l’année académique 2008 : Agression le mois dernier du proviseur du Lycée national Léon Mba, Ewore Békalé, par un élève symbolisant à lui seul l’essor de la violence à l’école qui préoccupe les parents d’élèves, grève des enseignants de cet établissement pour dénoncer un climat d’arrogance profitant aux récalcitrants, imposante marche pacifique des élèves de cet établissement sur le front de mer jusqu’au ministère de tutelle pour « réclamer justice » après la mort de l’un des leurs par accident de la route causé par un expatrié français au sortir des cours, menace de blocage des notes par les partenaires sociaux, en l’occurrence le Syndicat de l’éducation nationale (Séna) dorénavant déterminé à obtenir le « départ pur et simple » du titulaire de ce département ministériel, Michel Menga m’Essone, accusé jeudi d’ «irrespect » à l’égard des enseignants.
Dans ce contexte marqué par une vive tension, les critiques des enseignants jugeant « insuffisante » la volonté de réforme du gouvernement « en matière pédagogique », où la connexion à Internet des établissements est une revendication majeure, selon nombre de professeurs, évoquant l’attente forte de nouvelles « priorités » pour les élèves d’aujourd’hui se font entendre sans cesse. A celles-ci, s’ajoutent de plus en plus celles de l’opinion publique abasourdie, en apprenant vendredi par l’Union (quotidien pro-gouvernemental) que « le Séna réclame le départ du ministre » de tutelle, coupable de tenir des «propos injurieux et diffamatoires » à l’endroit des partenaires sociaux, ainsi que de « violations répétées des principes élémentaires du partenariat » voulu consensuel et adhésif.
C’est donc un secret de polichinelle que la crise qui voit progressivement le jour traduit l’incompréhension grandissante entre le gouvernement et le corps enseignant, qui laisse entrevoir que la situation de blocage tant redoutée à pareille période est inéluctable.
Pourtant, la probabilité est grande de vivre une escalade verbale entre les parties, souvent à l’origine de conflits sociaux interminables. Il reste à savoir si ce réalisme exprimé par des syndiqués solidaires du mouvement global de mécontentement est partagé par le gouvernement. Ou au contraire, il considère plutôt que ce pessimisme n’est pas de saison. Mieux, que tous ces événements malheureux, à savoir la paralysie des cours (3 jours) au Lycée national Léon Mba suite à l’agression du proviseur par un élève peu consciencieux, marche des élèves protestant contre l’accident mortel de leur collègue, Karl Nzénzé, fauché par un expatrié français, pour le moins douteux, roulant à vive allure à la sortie des classes … n’ont aucun lien.
Maintenant que l’affrontement est ouvert au regard de l’épreuve de force entre la tutelle et les enseignants syndiqués tentés de prendre les élèves en « otages », via le blocage des notes », menace également brandie par les établissements privés d’enseignement secondaire ayant reçu les mômes nouvellement admis au concours d’entrée en sixième cette année, et toujours en attente des subventions du gouvernement, à l’approche des examens, d’autres voix s’élèvent pour demander au Premier ministre, Jean Eyéghé Ndong, de prendre une initiative politique. A savoir, apte à rouvrir le dialogue dans une optique républicaine, tolérante et sans exclusive. Etant entendu, que la capacité de séduction de son ministre, connu pour son parler direct, à l’égard de ce syndicat a manifestement disparu. Tout le contraire de la jeune ministre déléguée, Solange Mabignath, si l’on en croit les courriers des internautes envoyés sur le site de GABONEWS et le sentiment partagé du Séna. A son siège de la Peyrie, redevenu vivant.