Le candidat du Parti démocrate à la présidence des Etats-Unis, le 4 novembre, sera donc Barack Hussein Obama, 46 ans, fils d’une Américaine et d’un Kényan, né à Hawaï, élevé en partie en Indonésie, étudiant à l’université Harvard, travailleur social dans le ghetto noir de Chicago, entré au Sénat, à Washington, il y a trois ans et demi.
Les électeurs qui lui ont apporté leurs voix dans les primaires, le million et demi de partisans qui ont contribué à sa campagne, dont la moitié avec des dons de 200 dollars (130 euros) ou moins, les responsables du parti qui l’ont soutenu, les médias qui ont rendu compte de son entreprise ont démontré que la démocratie américaine n’est pas vouée à être confisquée par une classe politique étroite, financée par des lobbies et pilotée par des experts de la communication.
Sept ans après l’ennuyeuse compétition entre Al Gore et George Bush, le débat qui a commencé entre Barack Obama et John McCain requiert l’attention des Américains et de beaucoup de citoyens du monde. Le démocrate et le républicain, candidats présomptifs jusqu’aux conventions de leurs partis, sont tous deux des réformateurs. Ils promettent de régénérer un système politique à bien des égards usé. Mais leurs options économiques, sociales et de politique étrangère sont radicalement différentes. M. McCain se situe dans la continuité des choix faits par M. Bush, tandis que M. Obama entend rompre avec les dogmes économiques néolibéraux et avec la vision du monde néoconservatrice.
La division de l’électorat démocrate entre Barack Obama et Hillary Clinton ne va pas s’effacer. La sénatrice de New York n’a pas reconnu la victoire de son rival. Elle entend, manifestement, poursuivre son aventure en imposant un débat sur le programme démocrate, particulièrement sur l’assurance maladie et sur le retrait d’Irak, débat qu’elle pourrait faire trancher, dans trois mois, par la convention de Denver. Elle cherche ainsi à s’imposer à M. Obama comme candidate à la vice-présidence, dans un rapport de forces qui l’obligerait à partager le pouvoir avec elle.
La compétition pour l’électorat populaire blanc et hispanique va être au cœur de la campagne. C’est le pari que semble faire Mme Clinton pour assurer sa place dans une future administration démocrate. Son entêtement est détestable.