Le principal porte-parole de la société civile au Gabon, Marc Ona Essangui, a été empêché de prendre l’avion le 6 juin dernier à Libreville alors qu’il était attendu à New York pour une conférence sur la transparence des contrats. Le coordinateur des ONG Environnement Gabon et «Publiez ce que vous payez» envisage de porter plainte au ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, qui n’a pas voulu se prononcer sur les motifs de cette mesure.
«C’est insensé, absurde. On ne me reproche rien de concret. Il n’y a pas de papier mais je ne peux pas partir. C’est du harcèlement» s’est indigné Marc Ona Essangui le 6 juin dernier à l’aéroport de Libreville, où il a été retenu sur le sol gabonais par les forces de l’ordre malgré son autorisation de sortie.
Le coordinateur des ONG «Publiez ce que vous payez» (PCQVP) et Environnement Gabon était attendu à New York pour prendre part à une conférence sur «la transparence des contrats en Afrique et notamment au Gabon», explique le principal porte parole de la société civile au Gabon, qui n’en est pas à ses premiers démêlés avec le gouvernement.
Invité à New York par le «Revenue Watch Institute» pour tenir une conférence le 12 juin prochain sur la transparence des contrats en Afrique, il devait notamment abordé la polémique qui plane autour de la convention pour l’exploitation du gisement de fer de Belinga par les chinois.
«Le ministère de l’Intérieur m’avait informé il y a ne semaine qu’on m’empêcherait de sortir du pays mais sans me donner de motif ni de document le justifiant. Je me suis rendu à l’aéroport avec une trentaine de personnes, notamment des syndicalistes et des membres d’ONG» a confié Marc Ona Essangui.
Il aurait été retenu sur le tarmac au dernier moment, suite à un appel du ministère de l’Intérieur.
«Alors que j’allais embarquer [un policier] m’a dit qu’il avait reçu un coup de fil du ministère et qu’il ne pouvait pas me laisser partir. (…) C’est absurde, regardez mon passeport» rapporte monsieur Ona indigné, brandissant son document sur lequel figure un tampon de sortie daté du 6 juin.
Le ministre de l’Intérieur, Andre Mba Obame, a confirmé par téléphone que monsieur Ona était interdit de sortie du territoire. «Nous lui avons notifié il y a plus d’une semaine. Mon chef de cabinet s’est déplacé personnellement pour le voir» rappelle le ministre.
En déplacement, monsieur Mba Obame n’a pas daigné détailler par téléphone motifs de cette interdiction.
L’écologiste a déclaré avoir rédigé une plainte contre le ministère de l’Intérieur et interpellé la communauté internationale et la société civile gabonaise sur les «conséquences qui pourraient advenir de ces dérives dictatoriales, contraires aux principes de l’état de droit tant vantés à cœur joie par le pouvoir».
«De toute façon c’est une mesure idiote. S’il le faut, je donnerai ma conférence par Internet ou vidéo» a renchérit le porte parole de la société civile au Gabon.
L’organisme américain de renforcement des capacités des organisations de la société civile, Revenue Watch Institute, a pour sa part qualifié cette attitude «ubuesque, rétrograde, en violation flagrante des droits de l’Homme et des libertés fondamentales [qui] constitue une menace grave (…) pour le citoyen mettant en péril la paix civile au Gabon».
Dans un communiqué de presse, monsieur Ona Essangui a indiqué que le ministre gabonais de l’Intérieur n’en était pas à sa première tentative d’entraver une activité liée aux Droits de l’homme ou à la vie syndicale et associative constitutionnellement établies. En février dernier, le ministre Mba Obame avait suspendu pendant une semaine les activités des ONG environnementales, qu’il accusait de faire de la politique.
De nombreux observateurs politiques estiment par ailleurs que les ONG représentent la seule véritable opposition au Gabon.
trop triste …le seul opposant qui nous reste …