Omar Bongo, échaudé par la restitution symbolique de l’un de ses biens mal acquis à Marc Ona, leader de la société civile gabonaise, l’empêche désormais de voyager. Nouvel épisode de la « démocratie gabonaise » chère au président français.
Le 3 et le 4 juin 2008, Marc Ona a eu la surprise de recevoir la visite du chef de cabinet du Ministre de l’Intérieur Annick Donga, envoyée par son patron, André Mba Obame, lui signifier son interdiction de sortie du territoire alors qu’il était invité à New York du 6 au 14 juin 2008 par Revenue Watch Institute (voir l’invitation en pièce jointe).
Motif : Marc Ona, Président de l’ONG environnementaliste Brainforest et Coordonnateur de Publish What You Pay (PWYP) Gabon, menacerait la sécurité interieure par ses activités associatives (Voir son portrait dans Jeune Afrique ci-joint). Il est vrai que les demandes de transparence que Publiez ce que vous payez Gabon a récemment émises concernant les contrats miniers de Belinga menacent le portefeuille de la clique au pouvoir à Libreville ! Le pouvoir lui reproche aussi son « refus de négocier »… une expression gabonaise pour stigmatiser les incorruptibles.
Les ONG américaines et les réseaux PWYP se sont mobilisées, une coalition des ONG et les leaders syndicaux ont accompagné Marc Ona à l’aéroport de Libreville, mais ça n’a pas suffi… Le voilà cloué au Gabon et régulièrement convoqué, depuis début juin, par le ministère de l’Intérieur.
En réalité, le gouvernement gabonais veut à tout prix éviter que ne se renouvelle aux Etats-Unis une opération comme la dernière action de la Cellule Françafrique, à laquelle Marc Ona a participé avec un courage inouï en avril dernier.
Difficile en effet de tolérer que les Gabonais voient apparaître dans les médias un palace parisien à 19 millions d’euros pour la descendance Bongo quand cette même population n’a pas accès aux soins… On ne se surprend guère, d’ailleurs, que ce soit le ministre de l’Intérieur gabonais qui soit intervenu quand on connait la proximité d’André Mba Obame avec l’un des gardiens émérites de l’héritage familial, Ali Bongo.
C’est au gouvernement français, désormais, de jouer. A Nicolas Sarkozy en particulier, si prompt à vanter en juillet dernier la « démocratie gabonaise » , de rappeler à son cher ami Omar que de tels compliments s’accompagnent de quelques obligations – comme par exemple la liberté d’expression…