Le Mussungu ou « top canne » pour certains, boisson à base de jus de canne à sucre, très prisée par les adeptes et disciples de Bacchus à Libreville et ses environs, constitue, comme le révèlent plusieurs acteurs du « secteur » qui reconnaissent, en tirer profit et « gagner leur vie », une véritable industrie qui ne dit pas son nom
Déjà, au PK 68 de Libreville, devenu véritable « zone sucrière », où se ravitaille la majorité des tenanciers des « dépôts » de la capitale, le mussungu, produit dans la zone en quantité industrielle, constitue la principale source de revenus des différents ménages qui, pour certains, à la place des techniques très rudimentaires utilisées jadis, ont désormais recours à des machines à presser modernes. Grâce à cette « innovation », les conditions hygiéniques de production sont devenues moins douteuses.
Selon les propos d’Angélina, l’une des vendeuses de mussungu rencontrée au P.K 6, « Là-bas, ce n’est pas seulement la quantité, la qualité y est aussi est assurée, car, ailleurs, il y a des fabricants de mauvaise foi qui font n’importe quoi. Ils ajoutent par exemple de l’eau dans le vin, uniquement pour duper les clients et augmenter leurs bénéfices »
« Pour moi, comme pour beaucoup d’autres vendeuses, nos stocks proviennent de du PK 68 où nous achetons à 5000 f CFA le bidon de 20 litres » affirme Marie-Louise Soloukouana qui dit pratiquer ce commerce depuis près de dix ans.
Les marges bénéficiaires, avoisinant les 100%, sont assez acceptables aux dires de notre témoin qui assure que « dans ces 20 litres vous pouvez tirer un bénéfice de 4500 f CFA puisque nous vendons le litre à 500 f CFA et à 250f le demi ».
Est-ce suffisant au regard des charges ? Olga Oubogou, qui tient aussi un dépôt au petit marché du P.K 7 dans le 3ème arrondissement de Libreville, répond par l’affirmative, car, dit-elle, « dans le mois je trouve de quoi payer les 15.000 du local dans lequel je vends, mais également mon loyer et subvenir aux autres besoins personnels ».
« Vous savez ? Même si parfois il faut faire avec les mauvais payeurs, il y a, tout de même, des gens à qui on donne du vin « en bon » au-delà de 50.000 et qui vous les payent sans rechigner une fois qu’ils touchent leur paie » confie-t-elle.
En outre, toutes les commerçantes ne pouvant pas se rendre au P.K 68, d’autres acteurs ont intégré le « circuit » pour répondre à la demande. Ils disposent des « dépôts de vente en gros » dans certains quartiers, notamment Avéa et Venez-Voir, où « pour couvrir les frais de transport et autres y afférents, au lieu de 5000, les 20 litres sont vendus plutôt à 5.750. Ces derniers affirment être « abonnés » à des chauffeurs qui se chargent du transport du « liquide ».
C’est dire que dans la chaîne de production du « top canne » encore appelé « le local », plusieurs personnes « trouvent leur compte ».
Toutefois, le bonheur des uns pouvant faire le malheur des autres, le mussungu, fermenté à base des écorces du Wali ou Biala, bois très amère dont les vertus dont diversement vantées, est une boisson fortement alcoolisée donc dangereux pour la santé. A consommer absolument avec moderation