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Gabon: UA : Bongo Ondimba fait parler la bienveillance africaine avant le huis clos décisif sur la crise zimbabwéenne

Dans une déclaration faite face aux médias internationaux, notamment français, lundi à Sharm El-Cheikh, le chef d’Etat gabonais, Omar Bongo Ondimba, sous le questionnement inhérent aux nombreuses pressions internationales sur l’Union Africaine à charge non pas d’examiner avant un jugement conséquent, mais de condamner le régime Robert Mugabe sans une autre forme de procès, a rappelé le statut juridique du leader zimbabwéen à l’opinion internationale, statut qui lui a valu les honneurs dus à son rang à la Conférence ordinaire de l’Union Africaine (UA), avant un examen profond de la crise qui prévaut dans son pays au cours d’un huis clos décisif qui se tient ce jour même, en Egypte.

« Il a été élu, il a prêté serment, il est là avec nous, alors il est président, on ne peut pas lui demander plus. Ils ont fait des élections, je crois qu’il les a gagnées », a déclaré Omar Bongo Ondimba, selon l’AFP et à la radio française, RFI, en marge des débats du 11ème Sommet de l’UA. Il s’agit là des propos qui, à priori, pourraient laisser croire, que le Doyen des leaders africains et par conjecture le cercle des sommités africaines réuni à Sharm El-Cheikh seraient solidaires aux dérapages politiques et au non respect des exigences démocratiques modernes suivant les normes dites internationales. Mais un regard introspectif sur la réaction du chef de l’Etat gabonais rappelle à suffisance les besoins de pondération à pareille circonstance. En effet, au continent noir, les valeurs de respect, de politesse, et de bienveillance sont de rigueur dans le règlement des palabres, aussi brûlante puisse être la situation.
Peut-être faudrait-il se demander sous quel rang officiel le monde connaît M. Mugabe, avant de comprendre pourquoi, il a eu droit aux honneurs, à un siège, un micro depuis son arrivée à l’UA et à la parole ce mardi 1er juillet 2008, lorsqu’il s’agira certainement au Conseil des sages africains de recueillir sa version des faits à l’occasion de ces assises.

Par ailleurs, l’Union Africaine étant gorgée de structures adéquates pour le traitement des crises qui jonchent le continent – le Conseil de Paix et de Sécurité, la Commission de l’UA ont fait des comptes rendus de leurs rencontres à la conférence des chefs d’Etats – il serait à ce propos de bon aloi que la Communauté internationale attende le verdict de cette structure autonome, garante de la vie des peuples de tout un continent. Et le leader gabonais, Omar Bongo Ondimba de renchérir : « d’ores et déjà, je peux vous dire que l’on n’est pas obligé de suivre les injonctions d’outre-mer…Les Africains sont capables de décider par eux-mêmes ».

Et poursuivant son propos au micro des journalistes français, le président de la République gabonaise a dit au nom de ses pairs que : « Nous comprenons les attaques (de la communauté internationale), mais ce n’est pas comme ça qu’ils auraient dû agir. Ce qu’ils ont fait, c’est un peu trop grossier à notre avis, et nous pensons qu’on aurait pu nous consulter d’abord, envoyer par exemple un message à la présidence de l’Union pour demander ce que nous pensons », a-t-il expliqué soulignant que l’Afrique « leur répondra par une fin de non-recevoir ».

Mais connaissant les bons offices de conciliation du Doyen d’Afrique, il est fort à parier qu’au lieu d’une position rigide envers le régime en place au Zimbabwe, ce qui pourrait peut-être conduire à des affronts, au pire des conflits armés source d’effusions de sang, le partage du pouvoir entre le régime en place et l’opposition durant une transition pour des élections crédibles à venir, semble constituer, selon des observateurs avertis, la position idéale pour éviter une nouvelle crise humanitaire.
En tout cas, c’est ce qu’a semblé indiqué le président Bongo Ondimba lorsqu’il a déclaré qu’il était trop tôt pour se prononcer et que cela devait être discuté en séance plénière « après la présentation des rapports que doit nous faire Thabo Mbeki », médiateur dans la crise zimbabwéenne au nom de la Communauté de développement économique d’Afrique australe (SADC). Le communiqué du huis clos, très attendu ce jour, en dira plus.

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