Le ministère gabonais de l’Intérieur répondra aux accusations du coordinateur de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP) Gabon, Marc Ona Essangui, le 10 juillet prochain, suite à la plainte déposée par monsieur Ona Essangui pour avoir été interdit de quitter le territoire gabonais sans motif apparent. Attendu le 12 juin dernier à New York pour une conférence sur la transparence des contrats miniers, le coordinateur de PCQVP Gabon avait été retenu sur le tarmac de l’aéroport de Libreville le 6 juin dernier sur instruction du ministère de l’Intérieur.
La plainte de Marc Ona Essangui, déposée récemment par son avocat conseil, maître Homa Moussavou, du barreau gabonais, donnera lieu le 10 juillet prochain à Libreville à une audience où le ministère de l’Intérieur devra justifier de l’interdiction de quitter le territoire national donnée le 6 juin dernier au coordinateur de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP).
Le principal porte-parole de la société civile au Gabon, Marc Ona Essangui, avait été empêché de prendre l’avion le 6 juin dernier à Libreville alors qu’il était attendu le 12 juin à New York pour une conférence sur la transparence des contrats sur les industries extractives en Afrique, et notamment au Gabon.
«C’est insensé, absurde. On ne me reproche rien de concret. Il n’y a pas de papier mais je ne peux pas partir. C’est du harcèlement» s’était indigné monsieur Ona Essangui.
Organisée par de l’ONG américaine Revenu watch institute (RWI), les assises de New York devaient notamment évoquer la polémique qui plane autour de la convention pour l’exploitation du gisement de fer de Belinga par les chinois.
Le ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, avait affirmé que monsieur Ona Essangui avait été interdit de sortie du territoire national une semaine auparavant. Le ministre n’avait pour autant donné aucune explication justifiant cette mesure.
«Le ministère de l’Intérieur m’avait informé il y a ne semaine qu’on m’empêcherait de sortir du pays mais sans me donner de motif ni de document le justifiant. Je me suis rendu à l’aéroport avec une trentaine de personnes, notamment des syndicalistes et des membres d’ONG» avait confié Marc Ona Essangui.
Il aurait été retenu sur le tarmac au dernier moment, suite à un appel du ministère de l’Intérieur.
«Alors que j’allais embarquer [un policier] m’a dit qu’il avait reçu un coup de fil du ministère et qu’il ne pouvait pas me laisser partir. (…) C’est absurde, regardez mon passeport» avait expliqué monsieur Ona indigné, brandissant son document sur lequel figure un tampon de sortie daté du 6 juin.
Dans un communiqué de presse, monsieur Ona Essangui a indiqué que le ministre gabonais de l’Intérieur n’en était pas à sa première tentative d’entraver une activité liée aux Droits de l’homme ou à la vie syndicale et associative constitutionnellement établies. En février dernier, le ministre Mba Obame avait suspendu pendant une semaine les activités des ONG environnementales, qu’il accusait de faire de la politique.
Depuis l’attribution par l’Etat de l’exploitation du gisement de fer de Belinga aux opérateurs économiques chinois, l’écologiste gabonais a mené de nombreuses actions pour dénoncer les termes du contrat et demander sa renégociation à l’avantage de la partie gabonaise.