Une vidéo, filmée en caméra cachée, par un gardien de prison de Harare, au Zimbabwe et diffusée samedi 5 juillet, démontre les méthodes des partisans du président Robert Mugabe pour truquer la récente élection présidentielle.
« IL SURVEILLAIT COMME UN FAUCON »
A l’origine, Shepherd Yuda, 36 ans , devait simplement faire une chronique de la vie quotidienne en prison pour le quotidien britannique The Guardian, mais il s’est retrouvé être le témoin d’une fraude électorale opérée par des partisans du Zanu-PF, le parti présidentiel. Sur le film, le gardien de prison et ses collègues, recoivent, chacun à leur tour, des mains d’un des responsables de la prison, appelé « Shambira », une enveloppe contenant leur matériel électoral pour voter par correspondace. Guidés par le surveillant qui observe leurs faits et gestes, ils doivent donner leur numéro d’identification puis remplir leur bulletin de vote qui est ensuite plié et placé dans une enveloppe par leur chef. « Je pensais pouvoir voter pendant qu’il ne regardait pas, mais il surveillait comme un faucon », déclare un homme dont le visage est flouté mais qui porte l’uniforme kaki des gardiens.
MORGAN TSVANGIRAI « NE GOUVERNERA JAMAIS »
M. Yuda a également filmé une réunion « obligatoire » convoquée par de hauts responsables des services pénitentiaires pour briefer le personnel : « Vive Zanu-PF. Vive Zanu-PF. A bas le MDC », s’exclame l’un des orateurs, repris mollement par une assistance peu enjouée. Puis l’homme ajoute, à propos du leader de l’opposition Morgan Tsvangirai : « Même si vous votez pour lui, même s’il gagne, il ne dirigera jamais ce pays. Vous me comprenez? Il ne gouvernera jamais ». Arrivé largement en tête au premier tour de la présidentielle le 29 mars, Morgan Tsvangirai s’était retiré de la course électorale en raison des violences contre ses partisans, laissant Robert Mugabe seul en course pour la présidence. Le plus vieux des chefs d’Etat africains, a été investi dimanche dernier pour un sixième mandat à la tête du Zimbabwe à l’issue d’un scrutin qualifié de « fraude » par l’opposition et l’Occident.
Source: le monde avec AFP