La commune de Bakoumba ( 108 Km au Sud-Ouest de Franceville), ex-cité minière connaît d’énormes difficultés depuis la fermeture du téléphérique qui faisait sa fierté et sa renommée jusqu’en 1992.
La fin de la construction du chemin de fer Transgabonais et la décision de l’Etat de ne plus faire passer le manganèse de la compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) par le Congo vont précipiter la ville dans le désarroi.
L’activité économique majeure tombe et les activités connexes prennent un coup. Le rythme de la vie ralentit et les habitudes changent subitement.
L’entretien de la cité ne se fait plus et les infrastructures tombent en ruines les une après les autres sous l’oeil complice d’une population visiblement résignée.
Les cités sont envahies par des chiendents, les routes cèdent la place à des poubelles de fortune, le bitume aux cahots ; les fleurs et les herbes sauvages se disputent les droits de décor. Les murs lézardés des cases réclament de la peinture qui ne viendra jamais, la pelouse tente en vain de résister à la montée de la mauvaise herbe, le marché jadis cossu, s’est vidé des clients et des vendeurs. Certaines boutiques ont déposé le bilan faute de clients.
Ecoles éventrées, stations fermées, bureaux et autre préfecture dans l’herbe, maisons bringuebalantes séparées par des villas cossues aux airs inhabitées, églises vétustes, aires de jeux envahies par la brousse, loisirs réduits à quelques estaminets déconseillés aux timides, hôpital dépourvu de lits, de médicaments ou du personnel complètent le décor.
La population subi le coup et choisi de faire l’exode vers Moanda (45 km au Nord) ou plus loin pour d’autres. Les activités tournent au ralenti et l’espoir semble choisir le camp du désespoir.
En un temps record, la cité est devenue une ruine que la société d’exploitation du parc de la Lékédi (Sodépal) va tenter de sauver.
A la tête du Gabon se trouve un Homme « imaginatif, inventif et créatif ». Soucieux de la fixité des populations et du bien être de chaque gabonais, le Chef de l’Etat, Omar Bongo Ondimba a décidé de la création de la Sodépal. Filiale de la Comilog, elle aura pour mission de reprendre le personnel recyclé afin de l’employer dans la pisciculture et l’écotourisme.
Et voilà Bakoumba qui revit. La ville est à nouveau fréquentée, d’autant plus avec la circulation qui prend de l’ampleur entre Moanda et le marché frontalier, en passant par le cœur-même de Bakoumba. L’activité, certes florissante au début, ne connaîtra pas le succès de son prédécesseur.
Son exercice déficitaire (environ 250 millions de FCFA au 31 décembre 2007) ne permet pas l’embauche de plus d’ouvriers. L’entreprise vivote et les populations survivent.
Néanmoins, elle aura eu le mérite de garder et de faire revenir des populations éparpillées sur le site.
Bakoumba se trouve entre le déclin et la survie. Les luttes des politiciens que de nombreux nomment sans conviction « querelles de clochers » ont pour avantage de muer plus encore une localité jadis paradisiaque en enfer.