Une série d’auditions visant cinq membres de la société civile gabonaise qui accusent le procureur de la République, Bosco Alaba Fall, de posséder sur son compte bancaire des ’’sommes faramineuses’’ a débuté, mercredi à la brigade nord de Libreville, a constaté un journaliste de l’AGP sur place.
Mercredi matin, quatre des cinq défenseurs de la société civile ont été entendus pendant plus de six heures. Les cinq sont arrivés peu avant l’heure prévue pour les auditions 8H30 (7H30 GMT), mais n’ont été interrogés qu’à partir de 11H (10H GMT), a-t-on constaté.
Aucun des quatre n’a été retenu au premier jour de cet interrogatoire.
Dans un communiqué daté du 28 juillet dernier et dont l’AGP a obtenu copie, les membres d’ONG, qui disent analyser un article paru dans l’hebdomadaire gabonais ’’Le Nganga’’, accusent le procureur d’avoir effectué des virements de l’ordre de 300 millions de F CFA (450.000 euros), en l’espace de deux jours.
Ils ajoutent également que plusieurs autres mouvements de dizaines de millions de F CFA jettent le trouble sur la nature et les origines de ces fonds domiciliés à la BGFIBank.
Dans des relevés bancaires dont l’AGP a également obtenu copie, M. Alaba Fall bénéficierait d’un traitement mensuel de 1.295.252 F CFA et posséderait jusqu’au 13 février dernier un solde de 200.793.974 F CFA. Ce que les ONG ne comprennent pas.
Une plainte déposée dans la foulée contre X et contre la BGFI pour divulgation de secret bancaire aurait permis de mettre la main sur Marlene Rapontchombo, une employée de cette banque, incarcérée actuellement à la prison centrale de Libreville.
Pour les ONG, le juge d’instruction, une fois saisi de la plainte aurait dû d’abord s’interroger sur les origines d’une telle fortune par rapport à la qualité de modeste fonctionnaire du service public de la justice gabonaise.
De source proche du procureur, on estime que M. Alaba Fall serait victime d’une cabale organisée par la ’’pègre locale’’ afin de le destituer de son poste.
Petit fils du chef de l’Etat Omar Bongo Ondimba, M. Alaba Fall mène depuis peu une chasse déterminée aux détournements de fonds, laquelle ne s’est jusqu’ici traduite que par quelques arrestations.
En 2006 et 2007, sous sa houlette, une ancienne directrice générale du Fonds d’expansion des petites et moyennes entreprises (Fodex), Jeanne Ngoleine Ossouka et l’ancien directeur général de Gabon Télécom, Hervé Fulgence Ossami avaient été arrêtés et écroués à la prison centrale de Libreville avant d’être remis en liberté provisoire après versement d’une importante caution.