« Arnaques au Congo », le dernier rapport de l’association internationale Greenpeace, dénonce l’évasion fiscale des compagnies forestières européennes au Congo. Selon les militants écologistes, le groupe Danzer aurait élaboré un système sophistiqué pour échapper à la fiscalité locale, une fraude qui aurait déjà engendré des pertes de près de 8 millions d’euros, soit plus de 5,2 milliards de francs CFA.
Greenpeace International a levé le voile sur les fraudes fiscales orchestrées par les compagnies forestières européennes implantées au Congo. L’association a publié le 30 juillet un nouveau rapport d’investigation, « Arnaques au Congo », qui rend compte d’un système d’évasion fiscale visant à esquiver le reversement de certaines taxes relatives à l’exploitation forestière.
Le document indexe en premier lieu le groupe Danzer, une multinationale allemande basée en Suisse et parmi les plus grandes entreprises forestières de la région, qui aurait élaboré un système sophistiqué pour transférer les profits réalisés en Afrique vers des comptes bancaires étrangers afin de blanchir ses profits à l’étranger pour échapper à la fiscalité locale.
Greenpeace a calculé que les pertes engendrées par cette évasion fiscale sur les revenus des gouvernements de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la République du Congo se montent à près de 8 millions d’Euros, plus de 5,2 milliards de francs CFA, soit 50 fois le budget de fonctionnement annuel du Ministère de l’Environnement de la RDC.
«La RDC est l’un des pays les plus pauvres de la planète et le fait que des entreprises comme Danzer cherchent par tous les moyens à ne pas payer les taxes est tout simplement scandaleux» s’est indigné Michelle Medeiros, coordinatrice de la campagne forêts africaines de Greenpeace International.
«Le pire, c’est que la communauté internationale dépense des milliards d’euros pour aider la RDC à se redresser des années de guerre, et reste impassible quand des entreprises comme Danzer continuent de piller les forêts du Congo en pratiquant l’évasion fiscale et la fuite des capitaux» a-t-elle ajouté.
La politique de l’Agence Française de Développement (AFD) a également été indexée pour le soutien financier apporté depuis plusieurs années au secteur industriel du bois dans le bassin du Congo. Sous couvert de la réduction de la pauvreté et de la protection de la biodiversité, l’AFD envisagerait en RDC d’accorder un prêt à taux bonifié à la société SIFORCO, filiale Congolaise du Groupe Danzer rendu coupable d’évasions fiscales.
Les forêts tropicales d’Afrique Centrale représentent le deuxième plus grand bassin forestier de la planète et revêtent donc une grande importance pour le climat mondial et la biodiversité.
Le gouvernement de la RDC a initié un processus de révision de la légalité de tous les titres forestiers existants. Greenpeace demande notamment au gouvernement de la RDC d’annuler tous les titres forestiers obtenus illégalement, notamment ceux attribués en violation du moratoire de mai 2002, ou révélés non conformes au code forestier en vigueur.
source: greenpeace