La question raciale, qui a une nouvelle fois rattrapé Barack Obama vendredi, s’impose en force dans la campagne américaine. Après l’affaire de son ex-pasteur Jeremiah Wright en mars, la polémique qui avait suivi ses propos de fermeté envers les pères noirs en juin ou encore les attaques lancées jeudi par le camp McCain l’accusant de « jouer la carte raciale », le candidat démocrate a été contraint de gérer un incident lors de son meeting à St-Petersburg, en Floride.
Alors qu’il prononçait un discours sur la situation économique, trois jeunes Noirs se sont levés dans les gradins et ont déployé une banderole où l’on pouvait lire : « Que fais-tu pour la communauté noire Obama ? ». Ils ont ensuite scandé à plusieurs reprises le slogan inscrit sur leur banderole.
Calmement, le sénateur de l’Illinois s’est tourné vers les perturbateurs pour leur expliquer qu’il pourrait répondre à leurs questions à la fin du meeting. « Il va y avoir une session de questions-réponses. Vous pourrez poser votre question plus tard mais ne dérangez pas toute la réunion, soyez simplement courtois et détendez-vous », a précisé le prétendant à la Maison-Blanche. Le public qui assistait à la réunion s’est alors levé en chantant « oui, il peut », en référence au slogan de campagne de Barack Obama « Oui, nous pouvons ».
« Je ne vais pas dire ce que vous voulez que je dise »
A la fin de son intervention, Barack Obama a alors engagé le débat avec l’un de ses contradicteurs. Ce dernier, prenant comme exemple l’affaire des « Six de Jena » (six lycéens noirs accusés d’avoir frappé un adolescent blanc au collège de Jena, en Louisiane) ou la mort de Sean Bell (un Noir tué par des policiers blancs à New York), a affirmé que la communauté noire était toujours victime du racisme, notamment policier, et était largement discriminée par les autorités et par le gouvernement fédéral.
« J’ai déjà parlé de ces sujets », a répondu le représentant du parti de l’âne, en soulignant qu’il avait aussi fait voter des lois pour lutter contre le racisme. Avant d’ajouter : « Mais ça ne veut pas dire que je vais toujours dire ce que vous voulez que je dise. Ce qui vous laisse d’option de voter pour quelqu’un d’autre ou de vous présenter vous-même ». Le contradicteur s’est alors rassis, en silence. « Ce n’est pas la première fois qu’Obama est interrompu pendant un meeting. Mais là, c’était de loin sa meilleure réplique », explique un reporter américain ayant assisté à la scène.