La présidence de la République gabonaise a lancé le 26 août dernier un avis d’appel à manifestation d’intérêt pour la sélection des bureaux d’études et cabinets d’architecture pour l’actualisation des études techniques et architecturales du bâtiment du siège du Centre international des civilisations Bantou (CICIBA) de Libreville. Lancée dans les années 1980, la construction de l’édifice a été entravée par des problèmes de gestion interne et les arriérés des cotisations des pays membres évalués à 2,7 milliards de francs CFA.
Initié en 1983 par le président Bongo Ondimba, le Centre international des civilisations Bantou (CICIBA) cherche aujourd’hui les moyens de redresser sa situation, à commencer par l’achèvement du chantier du siège de l’institution à Libreville.
Le cabinet du chef de l’Etat a lancé des appels à manifestation d’intérêt le 26 août dernier à l’intention des bureaux d’études et cabinets d’architecture locaux et internationaux susceptibles de soumettre un plan pour l’actualisation et la finition du chantier.
Les études à conduire concernent le sondage du sol ainsi que l’auscultation des fondations et de la structure existante. Il s’agira également de la réalisation des plans d’exécution et des fonds de plans accompagnés d’une évaluation optimale du coût de construction actuel.
Le siège du CICIBA est un vaste chantier qui présente un immeuble de trois niveaux comprenant plusieurs salles de conférences et d’importants espaces ambitieusement aménagés sous forme de courettes, terrasses, escaliers, fontaines, et même un théâtre de verdure. Les travaux de construction de ce vaste complexe ont été lancés dans les années 1980 pour un chantier estimé à près de 10 milliards de FCFA.
L’Organisation de l’Unité africaine (OUA) avait alors apporté une contribution de près de 4 milliards de francs CFA pour ce projet, qui avait d’ailleurs suscité à son lancement un vif intérêt de l’Organisation des Nations unies pour la Science et la Culture (UNESCO), du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), de l’Union Européenne (UE), de la Fondation Rockefeller et même de la Chine qui était notamment intéressée par la recherche en médecine traditionnelle.
Mais le projet a rapidement été confronté à de nombreuses difficultés liées aux contraintes de fonctionnement et à certains facteurs externes qui ont entravé son développement normal. L’endettement de la structure, les conflits armés et les différentes crises socio politiques de la sous-région ont eu raison du colossal projet.
Les arriérés de cotisations des États membres s’élèvent aujourd’hui à plus de 2,7 milliards de FCFA et le budget annuel de la structure fait tout juste vivre la dizaine de cadres qui y sont employés. Un audit de l’UNESCO a révélé en 2005 que le CICIBA n’avait réalisé au mieux que 10% de ses objectifs.
Lors d’une réunion pour redresser la structure en juin 2005, les dirigeants comptaient sur un soutien du Japon pour rebâtir le siège, et l’entrée de l’Afrique du Sud comme nouveau contributeur. Mais ces espoirs avaient finalement avorté.
Le staff managérial du CICIBA a mis en place le 12 juillet dernier une commission de réflexion pour trouver des solutions pratiques pour sortir le CICIBA de la léthargie. La commission est notamment chargée d’organiser la réunion des ministres des pays membres de cette institution, les fruits de leurs réflexions devant servir de plateforme aux travaux des ministres dont l’objectif visé est la réanimation du CICIBA.
Le CICIBA a été créé dans le but de sauvegarder et de promouvoir la culture bantou à travers le monde. Onze pays avaient ratifié la convention du 8 janvier 1983 portant création du CICIBA, à savoir l’Angola, le Cameroun, la Centrafrique, les Comores, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Rwanda, Sao-Tomé et Principe, la RD Congo et la Zambie.
Le projet initial prévoyait également de créer un marché commun des produits culturels de la région Bantoue, allant du Cameroun à l’Afrique du Sud, soit plus de vingt pays concernés pour une population de 150 millions de personnes.