Le ministre gabonais de la communication, Jean Boniface Assélé, a convoqué le personnel de la première et deuxième chaîne de Radiodiffusion et de la télévision gabonaise (RTG) le 5 septembre pour rappeler ces fonctionnaires à l’ordre sur la qualité des programmes. La livraison des nouveaux locaux et du plateau technique renforcé doit être accompagné d’une rigueur accrue des journalistes et des techniciens pour opérer le saut qualitatif tant attendu des médias publics gabonais. Le ministre a supprimé la publicité dans ces medias qui selon lui faisaient plus de la publicité que de l’information, sans pour autant préciser comment compenser la perte de cette ressource vitale pour les médias.
Conflits d’intérêts, complaisance, incompétences, laxisme, les médias de service public sont-ils capables de se délester du fardeau institutionnel pour amorcer la professionnalisation de leur secteur ? La dotation d’une plateforme technique moderne et opérationnelle depuis le 18 juillet n’aurait vraisemblablement pas suffit à mettre en branle les changements attendus par les autorités de tutelle.
Le ministre de la Communication, Jean Boniface Assélé, veut remettre de l’ordre dans les médias de service. Il a annoncé une rupture avec le climat de laxisme et de complaisance qui selon lui gangrène la qualité des programmes de ces chaînes..
C’est l’objet principal de la réunion qu’il a eue le 5 septembre avec l’ensemble du personnel de ces médias dans la nouvelle maison de la Communication «Georges Rawiri».
«Je leur ai dit que je n’étais pas satisfait du travail fait et qu’il fallait améliorer la manière de présenter nos émissions, la manière d’informer notre peuple» a rapporté le ministre Assélé à l’issue de la réunion.
Le ministre a sévèrement condamné l’amateurisme des journalistes et des techniciens, notamment dans le traitement de l’information sur les deux chaînes publiques. De la mauvaise qualité à l’incompétence des présentateurs, le général Assélé a profondément remis en cause le fonctionnement et l’impunité dans les médias d’Etat.
«Vos émissions ne font plus rêver les téléspectateurs, en cette ère de la compétitivité, l’heure est venue d’innover» a lancé Jean Boniface Assélé.
Selon lui, malgré la dotation de nouveaux locaux et d’un nouveau plateau technique moderne et adapté aux exigences qualitatives actuelles de la communication, les deux chaînes publiques ne sont toujours pas parvenues à atteindre les standards modernes sur le plan de la qualité la technique et de la programmation.
«On fait de la publicité à outrance pour des choses insignifiantes, on couvre les manifestations des hommes politiques sans autorisation de la Direction générale» déplore le ministre de la Communication.
Les conflits et la concurrence sous jacente dans la programmation de la RTG1 et de la RTG 2, censées travailler à des objectifs communs de qualité, mineraient la qualité de l’information délivrée. «Il y a un laisser aller, il y a un manquement et la qualité s’en ressent. On ne peut pas avoir une maison comme celle-ci et ne pas avoir un changement (…) on ne peut pas faire du neuf avec du vieux» a poursuivi le général Assélé., tout en annonçant qu’il va supprimer la publicité dans ces médias.
La maison Georges Rawiri, livrée à la RTG le 18 juillet dernier, est un immeuble disposé en trois structures, dont la principale de six étages est bâtie sur plus de 10 000 m2 et comprend 46 bureaux et toutes les infrastructures modernes en matière de production et de diffusion audiovisuelle.
Cet investissement destiné à remettre à niveau l’outil de production de la première chaîne de radio et télévision de service public est considéré comme le plus important investissement réalisé par le Gabon dans le domaine de médias depuis plus au moins 40 ans. L’ensemble des travaux a coûté près de 20 milliards de F CFA.
Cependant, ce n’est sans doute pas le coup de colère du ministre qui mettra ces deux chaînes sur la voie de la performance, il faut former les journalistes et leur donner des moyens conséquents pour travailler dans des conditions de productivité idéale. Beaucoup d’entre eux ne sont pas intégrés à la Fonction publique et ceux qui le sont, sont victimes de l’absence d’un plan de carrière conséquent.
Supprimer la publicité sans la remplacer par une autre ressource pérenne conduira à la clochardisation de ce personnel. Sans la requalification de la ressource humaine, de sa condition financière, la qualité de la production des deux chaînes n’évoluera pas.