Après sa sévère mise en garde aux hauts cadres de l’Administration, le chef du gouvernement, Jean Eyeghé Ndong, invite l’ensemble des administrations à s’adapter à l’exigence de la bonne gouvernance. C’était à l’ouverture, le 16 septembre, des travaux de l’atelier de validation du Programme national de bonne gouvernance (PNBG) qui doit marquer le saut qualitatif de l’administration vers une gestion efficace et transparente du pays.
Quelques heures après sa volée de bois vert en direction de hauts cadres de l’Administration qui à force de clientélisme, de lourdeur, de gabegie, d’arrogance, etc. ont rendu l’appareil administratif improductif, Jean Eyéghé Ndong a ouvert les travaux de validation du Programme national de bonne gouvernance(PNBG).
Cet atelier qui a réunis du 16 au 17 septembre les participants venus des administrations publiques, de la société civile et de la communauté de bailleurs de fonds à l’hôtel Laïco Okoumé Palace de Libreville vise à opérer une rupture dans la gestion des ressources de l’Etat.
Déjà dans son adresse à l’élite de l’Administration le 15septmebre, le premier ministre avait indiqué que «l’atelier de validation du plan d’action du Programme national de bonne gouvernance (…) ne doit pas être seulement un de plus, il doit marquer l’engagement résolu de notre pays pour une gestion efficace et moderne. Une gestion qui s’inscrit dans la recherche d’un développement bien compris et maîtrisé».
Dans son discours d’ouverture, le chef du gouvernement a rappelé aux participants que «la bonne gouvernance s’inscrit parfaitement comme un accélérateur de progrès entraînant une rupture nécessaire avec nos pratiques actuelles de gouvernance. (…) notre futur ne peut plus être pensé et se concevoir qu’à l’échelle planétaire. (…) Il dépendra de notre capacité à maîtriser la complexité des situations que nous impose la mondialisation, c’est-à-dire lui donner une gouvernance collectivement acceptée et mieux maîtrisée».
Le PNBG est un plan quinquennal qui est sensé redéfinir les compétences et les missions de l’Etat, professionnaliser ses agents, moderniser l’administration publique, améliorer la gestion des dépenses publiques, soutenir le transfert des pouvoirs et des moyens aux collectivités locales, améliorer l’environnement des affaires et promouvoir les Petites et moyennes entreprises (PME).
Ces objectifs se basent sur des principes clés comme l’affermissement de l’Etat de droit ; l’amélioration de la gestion des finances publiques ; la promotion d’une économie libérale et le renforcement d’un environnement favorable au développement du secteur privé ; l’émergence d’une société civile mieux organisée ; la promotion d’une administration au service du développement humain ainsi que la consolidation de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Toutefois, le programme validé à l’issue de ces deux jours de travaux permettra t-il au gouvernement de Jean Eyéghé Ndong d’atteindre l’horizon qu’il a librement tracé?
Certes, les bailleurs de fonds sont prêts à accompagner le Gabon comme l’a souligné la représentante-résidente du Programme des nations unies pour le développement (PNUD) au Gabon, Bintou Djibo, qui a réitéré «la volonté des partenaires techniques et financiers à accompagner le gouvernement dans sa réponse aux défis qui s’imposent dans le domaine de la gouvernance».
Celui du bureau régional de la Banque africaine de développement (BAD), Bassary Toure, a relevé la pertinence des réformes préconisées et souhaité qu’ «une attention particulière soit accordée au dispositif de suivi de l’impact des réforme et programmes qui seront mis en œuvre dans le PNBG afin d’établir une synergie avec le dispositif global du suivi du Document stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP)».
Jean Eyeghé Ndong dispose t-il d’une administration compétente, modernisatrice capable de réussir le pari de la bonne gouvernance? Une partie de la réponse se trouve dans le portrait qu’il a brossé de cette administration et une autre partie se trouve dans sa capacité à sanctionner pour séparer le bon grain de l’ivraie. Sans la sanction, comprise à la fois comme récompense et punition, la bonne gouvernance restera lettre morte.
y aura des reglements de compte.Faudra un jour recenser tout ce qui aurait ete detoune.
Le Gabon est aujourd’hui parmi les pays qui ont le plus organisé des colloques et conférences sur les thèmes de développement, de gouvernance et de lutte contre la corruption et la pauvreté ces 20 dernières années. Ces différentes rencontres se sont le plus souvent terminées par des bons engagements. Il est triste de constater que cela n’a eu aucun effet jusqu’alors sur le niveau de vie des gabonais, sur le développement des infrastructures ou sur la gestion des affaires publiques. L’administration publique gabonaise reste un gâteau partagé à chaque conseil des ministres entre Monsieur BONGO, sa famille, ses parents, amis et connaissances maçons, y compris les anciens opposants.
Plus encore, des institutions ont été créées pour garantir la bonne gouvernance dans le secteur public, notamment la Cour des comptes, la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, le Ministère du Contrôle d’État. Ces trois institutions coûtent au contribuable gabonais environs 100 milliards de francs CFA chaque années. Que font ces organismes? Une fois de plus l’idée de départ était de caser les parents et amis de BONGO et non la promotion de la bonne gouvernance. L’exemple le plus parlant est celui de Monsieur Gilbert NGOULAKIA, premier présent de la Cour des comptes, devenu multimilliardaire après avoir organisé de manière chaotique deux scrutins présidentiels. Comme récompense, il restera avis à la tête de la Cour des comptes, où il vole en silence sans être inquiété. Prenons ces quelques exemples:
– Monsieur NGOULAKIA s’est vu doté de plusieurs villas somptueuses après chaque élection qu’il a organisé (les villas des Charbonnages,de Nzeng Ayong,d’Akiéni,…);
– Grâce au budget de la Cour des comptes qui s’élève à environ 800 millions de francs CFA chaque année, il est devenu un homme d’affaires avec:
* plusieurs restaurants (sous des « prête-noms ») à Libreville;
* deux entreprises qui,en réalité, servent à détourner les fonds publics par le biais des marchés d’État, la première entreprise est gérée par un Magistrat de la Cour des comptes, qui est son bras droit et son trésorier à chaque fois qu’il a organisé les élection, il s’agit d’un certain Guy Serges que beaucoup ont souvent rencontré à la Commission nationale électorale, cette entreprise est spécialisé dans les services de nettoyage de la Cour et emploie à 98% des Tékés de sa famille et de son village. La deuxième entreprise est dirigée par un Sénégalais, c’est elle qui a souvent construit ses différentes villas, les Chambres régionales des comptes de Mouila et de Franceville et en ce moment l’extension des locaux de la Cour par la construction d’un bâtiment de trois étages.
– Comme si cela ne suffisait pas, Monsieur NGOULAKIA se trouve aujourd’hui au centre d’un scandale que tous les employés de cette institution connaissent sans pour autant en parler par crainte des représailles, il s’agit du détournement des primes d’incitation, appelées communément fonds communs, des agents de la Cour à chaque paiement, il s’agit de la ponction qu’il fait chaque trimestre sur le montant qui revient aux agents; prenons l’exemple d’un Magistrat (fonctionnaire A1) qui devrait toucher, selon une note circulaire du Ministre des finances sur la répartition des primes de rendement par catégorie d’agents , 850.OOO francs CFA par trimestre, n’est payé qu’à 300.000 francs CFA.
C’est dommage que la Cour des comptes, qui devrait, selon la constitution, le gendarme de la bonne gestion des fonds publics, souffre de la « bongoïte » depuis sa création.
La situation reste semblable pour les autres institutions citées plus haut. La Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et l’enrichissement illicite a été créée pour faire les « yeux doux » aux bailleurs de fonds internationaux qui exigeait un effort dans ce sens pour tout gouvernement qui solliciterait le concours des organismes du club de Londres et ceux du club de Paris.
Par BIPOLO Jean-Jacques,
Administrateur économique et financier