Le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC), Willy Ontsia, a livré son analyse sur la crise financière internationale qualifiée par certains observateurs de «septembre noir» et qui a plongé toutes les places financières du monde entier le 17 septembre dernier. Selon lui, les économies des pays d’Afrique centrale qui dépendent en grande partie des exportations pourraient sérieusement pâtir des retombées de cette crise financière généralisée.Les voyants sont passés au rouge dans la quasi-totalité des places boursière de la planète le 17 septembre dernier, victimes de la crise financière internationale due notamment à la crise des prêts immobiliers aux Etats-Unis.
Le directeur général intérimaire de la jeune Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC), Willy Ontsia, a expliqué les origines de cette crise et les répercussions que cela pourrait entraîné sur l’activité financière sous régionale, car les économies des pays membres dépendent fortement des exportations.
«Il y a aujourd’hui un certain nombre d’établissements bancaires de renom qui sont en train de faire faillite, au point de faire un dépôt de bilan. Il y a des dérives très importantes sur la croissance économique dans ces pays là. Les Etats en question ont pris sur eux de mettre en place un plan d’action pour juguler l’étendue de la crise au niveau international. Il s’agit notamment, au niveau du trésor américain et de la réserve fédérale américaine, de plus de 700 milliards de dollars qui vont être injectés dans l’économie pour stopper l’hémorragie. Il s’agit donc d’un plan très important» a expliqué Willy Ontsia.
«En réalité les banques ont donné des crédits immobiliers importants, mais aujourd’hui avec la crise, un certains nombres de ménages n’arrivent pas à subvenir à leurs engagements, donc à payer ces crédits. Les banques se retrouvent avec des créances douteuses, aujourd’hui elles n’ont pas les profits qu’elles attendaient par conséquent elles accusent des pertes qui sont importantes» a poursuivi le directeur général par intérim de la BVMAC.
Cette crise financière pourrait elle avoir des conséquences drastiques sur les économies africaines, et pat conséquent sur l’activité économique et financière de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), dont les économies sont extraverties et dépendent fortement de l’extérieur.
«Ces économies vont vraisemblablement dans les mois qui suivent plonger dans une récession. Cette récession va faire en sorte qu’un pays comme les Etats-Unis, qui est le premier client du Gabon en ce qui concerne le pétrole, va vraisemblablement diminuer les commandes. Donc il y a un risque sur la baisse de l’achat des matières premières, notamment la consommation des matières premières au niveau des pays européens» a ajouté Willy Ontsia.
«Sur nos exportations de pétrole également, il faut rappeler le risque sur le dollar. Aux Etats-Unis, le dollar va vraisemblablement baisser. Les Etats-Unis vont tout faire pour que leur monnaie se déprécie pour favoriser les exportations. Comme vous savez que le pétrole est payé en dollar, cela va réduire de facto la valeur du pétrole payé, la valeur que nous nous recevons. Donc cela aura nécessairement un impact sur le budget de l’Etat tel qu’il a été défini avec les précédentes prévisions» a averti le directeur général de la place boursière d’Afrique centrale.
Au Gabon, 80% des entreprises fonctionnent grâce au budget de l’Etat à travers les marchés publics. L’Etat, qui reste le fer de lance de l’économie gabonaise, devrait entreprendre une révision du budget pour mettre en place des mécanismes visant à harmoniser les projets de développement de la nation pour prévenir les retombées de la crise financière internationale sur l’économie.
Le budget de l’Etat gabonais pour l’année 2008 a été augmenté le 18 septembre de plus de 830 milliards de francs CFA, soit une hausse de 69,9% par rapport à la loi de finances initiale, principalement due à la flambée des prix du pétrole qui a entraîné une hausse de 32,6% des revenus pétroliers. Les bons comptes de l’économie nationale ont notamment permis à l’Etat d’augmenter les dépenses d’investissement sur ressources propres de 37,8 milliards de francs CFA. Cet acquis est-il menacé? Vraisemblablement.