Le général Laurent Nkunda, leader du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), a annoncé le 2 octobre dans un discours à la BBC la mue du CNDP en mouvement pour la libération totale de la République démocratique du Congo (RDC). Il a appelé dans son allocution radiodiffusée tous les congolais à s’unir contre le gouvernement en place pour une libération effective et définitive du peuple alors que les combats ont repris depuis le 28 août dans le Nord Kivu.
Alors que les rumeurs circulaient sur sa mort ou son mauvais état de santé, le général Laurent Nkunda est sortie de sa réserve le 2 octobre dernier avec un appel à la rébellion générale contre le pouvoir en place.
A l’issue du congrès tenu depuis le 1er octobre à Kichanga, à environ 80 km de Goma, dans la province du Nord Kivu, le chef rebelle a annoncé dans un discours diffusé sur la BBC l’évolution du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), en mouvement pour la libération totale de la République démocratique du Congo (RDC).
«Le CNDP décide de porter sa lutte jusqu’à la libération du peuple. (…) Nous nous transformons en un mouvement de libération totale de la République», a déclaré Laurent Nkunda.
«J’appelle toutes les forces vives, tous les Congolais à se mettre debout contre un gouvernement qui a trahi son peuple», a lancé le chef Tutsi congolais du CNDP, dont les forces combattent l’armée congolaise dans l’est de la RDC.
Il a affirmé qu’après avoir lutté pour la protection des Tutsi congolais, il voulait désormais «libérer le Congo». Selon le porte-parole de Nkunda, ce nouvel appel du chef rebelle aurait été dicté par le refus de Kinshasa d’entamer des négociations avec le CNPD.
Laurent Nkunda prétend en outre disposer «d’une armée bien entraînée et bien disciplinée». Mais les observateurs estiment que le leader tutsi risque d’avoir du mal à fédérer la nation entière autour d’une cause qu’il n’incarne pour presque personne. Le rapport de force militaire joue également en sa défaveur puisque qu’il s’avère que les forces loyalistes sont largement supérieures aux siennes.
Cette déclaration intervient après une réserve prolongée de Nkunda qui avait fait naître des rumeurs sur son mauvais état de santé et même sur sa mort éventuelle.
Les combats ont repris depuis le 28 août dernier entre le CNDP et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans les collines du Nord-Kivu, à l’Est du pays, en violation d’un cessez-le-feu consécutif à l’accord de paix de Goma, la capitale provinciale, signé en janvier 2008. Ces nouveaux combats ont entrainé le déplacement de plus de 100 000 habitants, qui fuient les exactions des groupes armés.
Le programme Amani, qui veut dire «paix» en Swahili, pour la sécurisation et la reconstruction du Kivu, mis en place début avril 2008 par la MONUC et la communauté internationale, est un échec cuisant.
Accepté par tous les belligérants, le programme prévoyait le respect du cessez-le-feu décidé à Goma en janvier 2008, le désengagement progressif des troupes, la démobilisation des combattants, la sécurisation des populations et la création de conditions favorables au retour des réfugiés et déplacés.
«Je regrette la déclaration de Nkunda (…) au moment même où tous les autres groupes viennent d’adhérer au désengagement qui permet de séparer les forces en contact, et créer un espace humanitaire pour le retour des réfugiés et des déplacés internes», a déploré l’abbé Apollinaire Malu Malu, coordinateur du programme Amani.
La région du Nord-Kivu est depuis plus de dix ans le théâtre de violents affrontements. On compte plusieurs millions de morts et déplacés et le bilan ne cesse d’augmenter.