Malgré un ordre du jour qui aurait bien voulu l’occulter, la conjoncture économique et financière mondiale s’est largement imposée à l’agenda des chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Québec pour le XIIe Sommet de la Francophonie. Première grande rencontre Nord Sud dans la foulée de la crise financière, le sommet de Québec va s’engager à « soutenir la tenue d’un sommet international » pour donner une réponse « urgente et coordonnée » à la crise qui affole les marchés mondiaux. La crise financière mondiale dominera une bonne partie des travaux des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) des 18 et 19 octobre prochains, au cours desquels les pays du Sud, principalement ceux d’Afrique, devraient alerter les autres membres quant aux retombées de la crise sur les économies africaines.
Déjà lors de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF), les délégations africaines présentes au Sommet se sont inquiétées de voir l’aide publique au développement (APD) sacrifiée aux plans de sauvetage des institutions bancaires américaines et européennes.
Les pays africains ne cachent pas, non plus, leurs inquiétudes au sujet des conséquences de la crise sur les matières premières, redoutant que le manque de liquidités n’amarre le prix des matières premières dans ses bas retranchements, comme le Brent qui vient de chuter en dessous des 80 dollars US alors qu’il fanfaronnait à près de 140 dollars en juillet dernier.
Selon le projet de déclaration finale, le sommet de Québec va s’engager à «soutenir la tenue d’un sommet international» pour donner une réponse «urgente et coordonnée» à la crise qui frappe les marchés mondiaux. Ce texte de huit pages qui devrait être adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement membres de l’Organisation internationale de la Francophonie, consacre une demie page à « la crise financière internationale ».
« Persuadés qu’aucun pays n’est à l’abri de la tourmente qui ébranle les marchés mondiaux du crédit et que les turbulences qui secouent les marchés demandent une intervention urgente et coordonnée (…) nous nous engageons à soutenir la tenue d’un sommet international à ce sujet », promet le projet de déclaration de Québec.
Les membres de la Francophonie s’engagent à « assurer la solidité et la stabilité du système bancaire et financier international et à prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre cet objectif ».
Ils promettent également de « soutenir en particulier une réforme visant la transparence, la solidité bancaire, l’intégrité et l’amélioration de la gouvernance économique mondiale ».
Ils se disent « convaincus que la transparence et une régulation efficace demeurent des bases fondamentales pour le bon fonctionnement des marchés financiers », selon ce projet de déclaration finale.
Le chef de l’Etat français a notamment indiqué que «le Canada peut apporter une contribution essentielle [pour] refonder le capitalisme».
«Le capitalisme ne pourra plus se maintenir en l’état, et la réglementation gouvernementale est peut-être inévitable. Nous devons nous préparer à un nouvel ordre mondial», avait-il expliqué en soulignant que le réexamen du concept de capitalisme ne signifiait pas l’abandon complet de l’économie de marché libre.
«Il faudrait que la France et les pays francophones ne réduisent pas les moyens consacrés au développement de la langue française. En cette période budgétaire, c’est la crainte que nous avons», a exhorté a cet effet le secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf.
Si cette déclaration est validée elle constituerait un soutien au sommet international sur la refonte totale du système financier mondial que le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, appelle de ses voeux et qui a le soutien de l’Union européenne.