Le Premier ministre a annoncé le 20 octobre la suspension des négociations avec la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (CONASYSED) face au maintien du mouvement de grève des enseignants malgré l’acceptation par le gouvernement de certains préalables exigés par les grévistes. Réunis en assemblée générale le 20 octobre à Libreville, les enseignants ont décidé de maintenir la grève en jugeant les promesses du gouvernement insuffisantes au regard des problèmes qui minent encore le système éducatif, notamment les conditions de travail et le traitement des enseignants gabonais.
Alors que l’avancement des négociations laissait déjà pressentir une issue consensuelle dans le bras de fer qui oppose les enseignants grévistes et le gouvernement depuis trois semaines, les négociations reprises depuis le 13 octobre viennent être gelées.
Le chef du gouvernement, Jean Eyeghe Ndong, a annoncé dans un communiqué le 20 octobre la suspension des négociations avec la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (CONASYSED) face au refus des enseignants de reprendre le chemin des classes.
Réunie en assemblée générale le 20 octobre dernier au siège du Syndicat de l’Education nationale (SENA) sis à la Peyrie, à Libreville, la CONASYSED a décidé de durcir le mouvement de grève en exigeant la satisfaction intégrale des préalables au dialogue pour envisager une reprise du service.
Malgré quelques avancées significatives, «les enseignants sont déterminés à continuer la grève. (…) Les deux préalables ont été accordées, nous attendons maintenant des propositions concrètes, il faut qu’on s’asseye pour discuter point par point des revendications», a déclaré Simon Ndong Edzo, le modérateur de la CONASYSED.
Le Premier ministre s’était engagé d’une part à «régulariser les situations administratives des agents du secteur Education (intégration ou engagement, titularisation ou confirmation, avancements automatiques, reclassement après stages,…) dans le cadre du guichet unique», mais aussi à «procéder au paiement par anticipation avant le 15 novembre 2008 des rappels dus aux agents du secteur Education, soit 2,5 milliards au lieu de l’échéance du 5 janvier 2009».
Le gouvernement s’est engagé à payer l’ensemble des rappels dus aux enseignants et 2 milliards de francs CFA seront versés dès novembre prochain à cet effet. Depuis le début de l’année, l’Etat gabonais a débloqué la somme de 5 milliards de francs CFA pour le paiement de ces rappels, dont l’enveloppe globale est estimée à 20 milliards de francs CFA par la CONASYSED.
Le Premier ministre a par ailleurs convoqué le 21 octobre les secrétaires généraux, les directeurs généraux, les conseillers et chefs de service des ministères concernés pour la mise en place du guichet unique.
«Cette proposition gouvernementale est la bienvenue pour la centaine de bénéficiaires sur plus de vingt mille enseignants en attente de rappel ; mais pour nous, il s’agit d’un non évènement puisque nous sommes toujours en attente des actes concrets pour nos situations administratives et financières», a déclaré Fridolin Mvé Messa, membre de la CONASYSED.
Jugeant les préalables exigés par les syndicats d’enseignants pour la reprise des cours satisfaits, «le gouvernement invite les enseignants en grève à reprendre le travail au plus tard le jeudi 23 octobre 2008 afin de poursuivre l’examen des autres points de revendication dans la sérénité», a exhorté le premier ministre. «Passé ce délai, le gouvernement prendra ses responsabilités», conclu le chef du gouvernement.
Les revendications des agents de l’Education nationale concernent principalement l’harmonisation des salaires et la prise en compte de l’ancienneté, la régularisation des situations administratives des enseignants, dont certains sont encore confinés au statut de stagiaire depuis sept ans, l’augmentation de la prime de logement à 200 000 francs CFA ou encore la mise en place d’académies provinciales. Les enseignants affirment avoir déposé leur cahier des charges à la tutelle depuis le 12 août dernier.
L’ouverture du dialogue avait été conditionnée à l’harmonisation des salaires entre les agents recrutés avant et après 1991 ainsi que la régularisation des situations administratives et le paiement intégral des rappels de solde.
Par décret présidentiel du 14 octobre, une commission technique chargée de la résolution des points inscrits dans la plateforme revendicative 2008/2009 de la CONASYSED avait été mise en place. Cette commission a été organisée en deux sous commissions, l’une chargée de la régularisation des situations administratives, et l’autre mandatée pour l’évaluation financière des revendications.
Mais au 20 octobre, les propositions de la commission technique ad hoc semble toujours insuffisantes pour les enseignants, vraisemblablement résolus à initier une profonde remise en question du fonctionnement de l’éducation nationale et de la situation des enseignants gabonais.