Treize crimes rituels ont été enregistrés au Gabon depuis le mois de septembre, ont affirmé des représentants de la société civile samedi à Libreville, dénonçant une augmentation de ces pratiques et une « banalisation » du phénomène par les autorités.
« A Libreville, nous avons totalisé cinq cas, et à l’intérieur du pays, (…) huit cas depuis le mois de septembre », a déclaré lors d’une conférence de presse Jean-Elvis Ebang Ondo, président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR).
Ce chiffre pourrait cependant être en deçà de la réalité, l’ALCR ne disposant pas « d’antennes » dans tout le pays, a estimé M. Ebang Ondo, dont le fils de 12 ans a été enlevé, tué et mutilé en mars 2005.
Le bilan a été établi sur la base d’informations recueillies par des membres de l’ALCR, a-t-il précisé, regrettant une « banalisation » du phénomène par les autorités.
Selon des organisations non-gouvernementales (ONG), les crimes rituels sont pratiqués par des réseaux secrets, pour prélever du sang et certaines parties du corps des victimes (yeux, sourcils, oreilles, sexe, langue, lèvres, bouts de peau), censés offrir jeunesse, santé, richesse, réussite ou pouvoir.
Les autorités gabonaises reconnaissent l’existence de crimes rituels mais estiment que leur nombre est bien moindre que celui avancé par les ONG. Interrogé sur le sujet par l’AFP en mars, le ministre de l’Intérieur André Mba Obame avait déclaré: « Ces crimes alimentent la rumeur. Mais les gens ont tendance à considérer chaque cadavre retrouvé, chaque corps un peu abîmé par la mer ou autre chose, comme un crime rituel ».
Marc Ona Essangui, de l’ONG Brainforest, a fustigé l’inertie de la justice face à ces crimes, ce « qui pousse les auteurs de ces actes à (les) perpétuer ».
A cause de cette impunité, « nous nous retrouvons dans une insécurité juridique », a-t-il accusé.
« Les crimes rituels ont longtemps été dénoncés » au Gabon, mais « jamais élucidés », a souligné Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG), suggérant notamment la création de « brigades d’éveil et de dénonciation ».
« Le travail que nous menons nécessite beaucoup de prudence, parce que nous avons en face de nous un système bien organisé, qui nous tend des pièges tout le temps », a encore affirmé M. Ebang Ondo de l’ALCR.
Récemment, le quotidien national L’Union a rapporté qu’une quinquagénaire a été tuée et « dépecée » dans un village du nord-ouest du Gabon. Les restes de son corps, auquel manquaient « certaines parties », ont été retrouvés le 13 octobre.