Le secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet, a annoncé le 26 octobre que le montant de l’aide publique au développement de la France vers l’Afrique subsaharienne devrait augmenter l’année prochaine. Deux jours après l’annonce par l’ONG Oxfam France de l’arrêt d’une série de financements destinés aux secteurs vitaux des pays d’Afrique subsaharienne, Alain Joyandet explique que les dons seront en fait pour la plupart substitués en financements du secteur bancaire. Une dénégation qui ne dément pas les accusations d’Oxfam France.
L’Aide publique au développement (APD) de la France va augmenter de 76 milliards d’euros en 2009. C’est ce que vient d’annoncer le secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, en réponse à la dénonciation le 24 octobre dernier par l’ONG Oxfam France de la suspension de la majorité des aides au développement vers l’Afrique subsaharienne.
«Nous ferons tout pour que les pays pauvres ne soient pas la variable d’ajustement du règlement de la crise financière», a déclaré Alain Joyandet le 26 octobre dernier, en expliquant que le budget que les députés vont débattre dans 10 jours présentera des crédits de paiement de la Mission APD en hausse de 76 milliards d’euros par rapport à l’exercice 2008, pour s’établir à 3 166 millions en 2009.
Il a notamment annoncé que les grands engagements multilatéraux de la France seront tenus et a précisé qu’«avec une contribution au Fonds Européen de Développement (FED) de 852 millions d’€ en 2009 (contre 800 en 2008), le France est le premier contributeur de l’Union européenne en matière d’aide au développement, devant l’Allemagne ou le Royaume-Uni».
«Avec une participation de 300 millions d’€ par an, elle reste aussi le second contributeur du Fonds Mondial Sida Tuberculose Paludisme après les Etats-Unis», a-t-il ajouté.
Monsieur Joyandet a enfin poursuivi qu’ «avec la taxe sur les billets d’avions (160 millions d’€ non comptabilisés dans notre effort d’aide), elle est le premier contributeur d’UNITAID pour lutter contre le SIDA».
«Les engagements de Nicolas Sarkozy, pris au Cap en février et réaffirmés la semaine dernière à Québec en faveur de l’Afrique, ainsi que l’objectif que j’ai assigné à l’agence française de développement d’augmenter son volume d’intervention d’un milliard d’€ en 2009, seront respectés», ajoute-t-il.
La part des financements de l’AFD consacrée à l’Afrique devrait donc passer de 1,3 milliards à 1,9 Milliards d’€. Mais c’est la nature de cette aide qui devrait changer en 2009.
Le secrétaire d’Etat français à la coopération a expliqué qu’au lieu de dons systématiques, la France souhaitait aider l’Afrique à produire sa propre richesse et les entreprises africaines à se créer ou à se développer, notamment en apportant des garanties au financement du secteur bancaire.
La France devrait également augmenter les crédits alloués à l’appui aux ONG, tripler le nombre de volontaires internationaux d’ici à la fin du quinquennat, au secteur de la santé (970 millions d’€ en 2008 – plus de 10 % de notre aide bilatérale contre 4 % en 2002).
Alain Joyandet a enfin proposé aux ONG intéressées par ces questions une rencontre la semaine prochaine. Si les explications de Paris apportent un éclairage sur cette question, elles ne démentent pas la dénonciation d’Oxfam France.
L‘ONG française Oxfam France avait dénoncé le 24 octobre la suspension massive par le gouvernement français des aides au développement aux pays d’Afrique subsaharienne. Une note circulaire diffusée aux représentations africaines de la coopération française ferait état de l’arrêt d’une série de financements destinés aux secteurs vitaux des pays d’Afrique subsaharienne, qui comptent parmi les plus pauvres de la planète.
Oxfam France révélait notamment que pour la seule région Afrique de l’Ouest, un soutien aux projets nationaux de 49 millions d’euros était prévu en 2008 et en 2009, une ligne budgétaire qui n’apparaît plus dans le document présentant le détail de la Programmation triennale 2009-2011 de l’aide au développement de la France.
Un constat qui serait le même selon l’ONG pour les 19 millions d’euros consacrés en 2008 à l’Afrique centrale. Les réductions de l’aide au développement devraient également toucher l’initiative internationale pour la mise en œuvre accélérée du programme Éducation pour tous.