Dix membres d’équipage, dont six français, un tunisien, un sénégalais et deux camerounais d’un navire du groupe français Bourbon, travaillant pour Total et opérant sur un terminal pétrolier dans les eaux territoriales camerounaises au large de Bakassi, ont été pris en otage dans la nuit du 31 octobre. Le groupe rebelle camerounais Bakassi Freedom Fighters a revendiqué l’opération et menacé de tuer les otages si le gouvernement camerounais n’ouvrait pas les négociations sous trois jours. Des miliciens de la péninsule de Bakassi, à la frontière entre le Camerounaise et le Nigéria, ont revendiqué le 31 octobre l’enlèvement de dix employés de la société Bourbon, dont six français, au large des côtes camerounaises et ont menacé de commencer à les tuer dans les trois jours si leurs revendications n’étaient pas satisfaites.
Le ministère des français des Affaires étrangères et européennes a confirmé le 31 octobre l’attaque d’un navire français affrété par Total par des individus armés dans les eaux camerounaises et que dix des quinze membres d’équipage, dont six ressortissants français, étaient retenus en otage.
«J’ai personnellement mené l’attaque durant laquelle nous avons enlevé dix hommes que nous détenons alors que je vous parle», a affirmé le colonel Ebi Dari, chef du Conseil de sécurité et de défense du delta du Niger (CSDDN) avant d’ajouté que «si le gouvernement camerounais ne répond pas à nos demandes dans un délai de trois jours, nous commencerons à les tuer un par un».
Le colonel Dari n’a pas précisé les revendications mais son groupe avait déjà par le passé demandé au Cameroun et au Nigeria de renégocier les termes du jugement de la Cour internationale reconnaissant la rétrocession au Cameroun de la péninsule de Bakassi.
Le CSDDN avait également déjà demandé l’indemnisation des ressortissants nigérians de Bakassi qui ont choisi de quitter la péninsule et de s’installer dans leur pays. Les rebelles réclament également la libération de deux de ses membres capturés par les autorités camerounaises lors d’une attaque.
Les hommes CSDDN, accompagné du groupe rebelle des «Bakassi Freedom Fighters», auraient procédé à bord de trois hors-bords avec lesquels ils auraient pris d’assaut vers minuit le navire avant de repartir avec 10 des 15 membres de l’équipage.
Aucune des dix personnes enlevées n’a été blessée lors de l’opération, et les cinq autres membres d’équipage du navire attaqué, le Bourbon Sagitta, seraient en sécurité.
Le navire de la société Bourbon, affrété par la compagnie Total, était «en support d’une opération de chargement de brut sur un terminal pétrolier offshore à 180 kilomètres au large de Douala», a ajouté la direction du groupe Bourbon.
Une source diplomatique a indiqué que «c’est le même mode opératoire» que lors de différents enlèvements d’étrangers dans le sud du Nigeria, comme le 18 octobre dernier où un chalutier avait également été attaqué par des hors-bord dans les eaux territoriales camerounaises dans des conditions similaires.
Une cellule de crise qui travaille avec les autorités camerounaises a rapidement été mise en place au Quai d’Orsay mais reste toujours dans l’impossibilité de confirmer si une demande de rançon a été formulée par les ravisseurs.
Le Quai d’Orsay «se mobilise à Paris ainsi qu’au Cameroun à Yaoundé et à Douala pour travailler à leur libération dans les délais les plus brefs», a confirmé le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Une réunion de crise a eu lieu dans la matinée du 31 octobre au siège de la compagnie pétrolière Total.
Les Bakassi Freedom Fighters déclarent lutter pour l’émancipation de Bakassi, une presqu’île potentiellement riche en pétrole et en gaz située à la frontière du Nigeria, qui a été pendant 15 ans l’objet d’un différend frontalier entre les deux pays et a été officiellement rétrocédée au Cameroun par le Nigeria le 14 août dernier.
Depuis novembre, vingt-huit militaires, un sous-préfet et une vingtaine d’assaillants ont été tués à Bakassi dans des attaques de ces groupes dont les motivations restent floues.