Réunis en assemblée générale le 1er novembre à Libreville, les membres de la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (CONASYSED) ne sont pas parvenus à trouver un consensus sur la suspension provisoire du mouvement de grève, en dépit des avancées effectives consenties par le gouvernement. Alors que 3 des 5 milliards de francs CFA débloqués par le ministère de tutelle pour le paiement des rappels de solde ont déjà été versés à quelques 1200 enseignants, certains grévistes continuent à exiger un chronogramme fiable pour l’accession effective aux autres recommandations. Ces désaccords à la base pourraient encore retarder le dénouement de la crise de l’éducation qui paralyse les cours depuis le 6 octobre. Les quelques avancées enregistrées le 28 octobre dernier lors de l’audience avec le chef de l’Etat, n’auront vraisemblablement pas été suffisamment palpables pour entraîner une suspension consensuelle du mot d’ordre de grève des enseignants.
L’assemblée générale tenue le 1er novembre dernier à Libreville par la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (CONASYSED) n’a pas permis l’adoption d’une position consensuelle sur la reprise provisoires des cours, en attendant les résultats des négociations sur les autres points de revendications avec la commission ad hoc mise en place par le gouvernement.
Rapportant à la base les fruits de l’audience accordée le 28 octobre dernier par le chef de l’Etat, les délégués syndicaux ne sont pas parvenus à convaincre l’ensemble des enseignants de la nécessité de reprendre le chemin de classe, pour la poursuite normale des négociations avec le gouvernement et le bon déroulement de l’année scolaire 2008/2009 déjà lésée d’un mois.
Les avancées sont pourtant palpables, au regard du rapport établit par le secrétaire adjoint du ministère des Finances, Gaston Itsitsa, qui a prit part aux assises pour présenter «le listing de ceux qui doivent passer à la Caisse, à la banque, au Trésor à compter de ce jour, pour toucher tout ce qui leur est dû».
«Cette démarche vise à matérialiser la décision prise par le chef de l’Etat, qui a décidé de régulariser les situations administratives et financières des enseignants grévistes», a précisé monsieur Itsitsa.
«Sur les 5 milliards dégagés par le président de la République, nos services ont pu traiter à ce jour plus de 3 milliards de francs CFA, pour un peu plus de 1200 bénéficiaires. Il reste près de 915 dossiers à traiter sur les 1,8 milliards restant», a annoncé le secrétaire adjoint du ministère des Finances.
Le 30 octobre dernier, le chef de l’Etat avait demandé le déblocage immédiat par le ministère de tutelle d’une enveloppe de 5 milliards de francs CFA pour la satisfaction des préalables exigées par les enseignants pour la reprise des cours.
Malgré le démarrage effectif des paiements des rappels de solde des enseignants et la commission technique mise en place par le gouvernement pour traiter les autres points de revendications, certains enseignants campent sur leurs positions et persistent à dire qu’une suspension précipitée de la grève conduirait à la dilution du front syndical, et donc à la pression exercée sur la tutelle.
La plupart des récalcitrants sont les enseignants affectés en province, qui arguent que la reprise précipitée des cours mettrait un terme aux négociations avec le gouvernement et aux autres points de revendications qui risqueraient de rester lettre morte sans la pression actuelle exercée par la CONASYSED.
«Les rappels qu’on se propose de payer étaient programmés pour le mois de novembre 2007. Ces rappels concernent une catégorie d’enseignants qui sont dans la période qui varie entre 1990 et 2000. La grande majorité n’est même pas concernée», contestent les partisans du maintien de la grève.
«On voudrait quelques chose que l’enseignant puisse voir sur son bulletin de salaire et qui va conditionner sa retraite», ont exhorté les partisans de la grève, avant de demander «ce que les dirigeants de la CONASYSED se sont dits avec les gouvernants pour présenter à la base une raison suffisante pour arrêter la grève?».
Les deux délégués syndicaux du CONASYSED, Fridolin Mvé Messa et Simon Ndong Edzo, ont été pris à parti par les enseignants qui veulent maintenir la grève, qui les ont accusés d’être «otages et corrompus des gouvernants».
Les deux leaders syndicaux revendiquent au contraire que «les listings des rappels de solde et le travail d’intégration, de reclassement et de titularisation déjà visibles au niveau des services de la Fonction publiques et des Finances sont des preuves palpables».
Si des dissensions internes venaient à faire éclater la CONASYSED, le suivi des négociations avec le gouvernement serait sérieusement mis en péril, et les enseignants toujours livrés à eux-mêmes sur les autres points inscrits au cahier des charges.
Après près d’un mois de grève qui enraye le bon déroulement de l’année scolaire 2008/2009, les conflits qui s’éternisent entre le gouvernement et les syndicats portent d’autant plus atteinte au crédit de l’éducation nationale, déjà mise à mal par l’issue anarchique de l’année précédente.