Barack Obama tiendra vendredi, avec le vice-président élu Joe Biden, sa première conférence de presse depuis son élection après avoir réuni ses conseillers économiques, alors que le pays attend des précisions sur la façon dont il entend faire face à la crise économique. La réunion et la conférence de presse sont annoncées dans un communiqué du service de presse d’Obama et de Biden.
Parmi les conseillers figureront les anciens secrétaires au Trésor Lawrence Summers et Robert Rubin, l’ancien président de la Réserve fédérale Paul Volcker et plusieurs autres, précise le communiqué.
Deux jours après son élection à la Maison blanche et alors que les marchés financiers sont en baisse, le sénateur démocrate s’applique à ne pas perdre de temps pour mettre en place son futur cabinet.
Il a annoncé jeudi la nomination de Rahm Emanuel, représentant démocrate de l’Illinois, comme secrétaire général de la Maison blanche. Agé de 48 ans, ce Chicagoan à la réputation de fonceur appartient à l’entourage immédiat du président élu.
Ce choix a aussitôt été critiqué par John Boehner, chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, qui a accusé Obama de revenir sur sa promesse de campagne d’apporter le changement à Washington et de transcender les clivages politiques.
En revanche, le sénateur Lindsey Graham, proche du candidat républicain à la Maison blanche John McCain, a rappelé qu’il avait négocié avec Emanuel les modalités des débats entre candidats et il a salué ses « grandes compétences politiques ».
Certains pressent le sénateur de l’Illinois, qui héritera à son entrée en fonctions de la pire crise économique aux Etats-Unis depuis les années 1930, de composer rapidement son équipe économique, en désignant notamment le prochain secrétaire au Trésor.
Timothy Geithner, président de la Réserve fédérale de New York, Lawrence Summers et Paul Volcker figurent parmi les personnalités envisagées pour le poste.
L’entourage du futur président n’a pas précisé s’il annoncerait des nominations importantes lors de sa conférence de presse qui commencera à 19h30 GMT.
Le sénateur de l’Illinois et son épouse Michelle doivent par ailleurs se rendre lundi à la Maison blanche, où ils seront reçus par le président sortant George W. Bush.
Bush a promis de faire en sorte que la transition se fasse en bon ordre avec son successeur avant qu’il ne prenne ses fonctions le 20 janvier.
« Au cours des 75 prochains jours, nous devons tous nous assurer que le prochain président et son équipe pourront démarrer sur les chapeaux de roue », a-t-il déclaré jeudi à la Maison blanche.
JOHN KERRY SECRETAIRE D’ETAT ?
Bush a précisé que la crise financière et la guerre en Irak feraient partie des sujets qu’il évoquera lundi avec son successeur.
Obama doit aussi commencer à préparer une stratégie pour les guerres d’Irak et d’Afghanistan. La crainte qu’Al Qaïda ne décide de tester la nouvelle administration pourrait le conduire à mettre sur pied rapidement son équipe pour la sécurité intérieure.
Jeudi, le président élu s’est rendu dans l’immeuble du FBI à Chicago où des informations ultra-secrètes lui ont été transmises. Il bénéficiera désormais de briefings quotidiens de la part de hauts responsables des services de renseignement.
« Nous savons qu’Al Qaïda et les autres essaient de tester une nouvelle administration », a déclaré Dana Perino, porte-parole de la Maison blanche. « Je n’ai connaissance d’aucune information particulière mais nous savons qu’il s’agit d’une période de risque accru ».
Le futur secrétaire au Trésor, quel qu’il soit, aura pour vaste programme de mettre en oeuvre le plan de sauvetage des banques de 700 milliards de dollars voté en septembre et de préparer le chantier de la réforme de la régulation des marchés.
Outre Geithner, Summers et Volcker, l’ancienne conseillère de Bill Clinton Laura Tyson est également citée comme possible secrétaire au Trésor.
L’ancien secrétaire au Trésor Robert Rubin a fait savoir qu’il ne souhaitait pas revenir au gouvernement.
D’autres postes économiques importants pourraient être confiés à l’économiste de l’université de Chicago Austan Goolsbee ou à un autre ancien conseiller de Bill Clinton, Jason Furman.
Pour le poste de secrétaire d’Etat, le nom du sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2004, côtoie ceux de l’ancien émissaire international Richard Holbrooke, du sénateur républicain sortant Chuck Hagel et de l’ancien sénateur démocrate de Géorgie Sam Nunn.
James Steinberg, ancien conseiller de Clinton, est favori pour accéder au poste de conseiller à la sécurité nationale mais Susan Rice, elle aussi issue de l’administration de l’ancien président démocrate, pourrait aussi briguer cette fonction.
Alors que les Etats-Unis sont engagés dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan, le président élu pourrait maintenir Robert Gates à la tête du département de la Défense ou le remplacer par un proche conseiller, l’ancien secrétaire à la Marine Richard Danzig.
Avec John Parry à New York et Jeremy Pelofsky et Thomas Ferraro à Washington, version française Jean-Stéphane Brosse, Philippe Bas-Rabérin, Gwénaëlle Barzic et Nicole Dupont