La situation semblait se calmer, samedi 8 novembre, dans l’est de la République démocratique Congo. Mais au cours d’une conférence de presse à Goma, le chef de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc), Alan Doss, a « déploré les violations très graves des droits de l’homme (…) dans la région de Rutshuru, à 80 km au nord de Goma, ces derniers jours ». « Nous avons malheureusement découvert des tueries dans la ville de Kiwanja et à côté, y compris des civils qui ont été visés par des groupes armés », a indiqué M. Doss. « Ce sont des crimes de guerre que nous ne pouvons pas tolérer ».
Plus au sud, aucun tir n’était signalé samedi matin sur la ligne de front près de Kibati (12 km au nord de Goma), où des affrontements avaient opposé la veille soldats loyalistes et combattants du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Quelque 150 militaires gouvernementaux étaient installés sur place samedi, alors que 200 à 300 autres marchaient en direction du front. »Ils se préparent à faire quelque chose à Kibati, ils veulent attaquer », a affirmé le porte-parole de la rébellion, Bertrand Bisimwa. « Nous sommes au courant de ces préparatifs, nous avons anticipé leur mouvement mais nous sommes inquiets de cette situation qui pourrait avoir de graves conséquences ».
RISQUE DE RÉGIONALISATION DU CONFLIT
Ces nouveaux développements interviennent au lendemain d’un sommet qui a réuni à Nairobi le président congolais Joseph Kabila, son homologue rwandais Paul Kagame, et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. La réunion s’est achevée sur un appel au cessez-le-feu.
Parallèlement, une source militaire onusienne dans la zone a fait état samedi de la présence sur le front de soldats angolais aux côtés de l’armée congolaise, sans en préciser le nombre. Ils auraient pris part aux affrontements de la veille, selon cet officier.
Vendredi, une source diplomatique avait déjà indiqué à l’AFP qu' »une cinquantaine de militaires angolais et zimbabwéens étaient en mission de reconnaissance sur place en appui aux unités congolaises ». Kinshasa a nié à plusieurs reprises la présence de forces étrangères sur son sol, et l’ONU, qui dispose de 17 000 casques bleus en RDC, a aussi officiellement démenti. Mais « il y a une coopération militaire » entre la RDC et l’Angola et « il y a peut-être des instructeurs angolais dans le pays », a nuancé samedi le lieutenant-colonel Dietrich. L’Angola, allié de la RDC, était intervenu dans l’ex-Zaïre en soutien au gouvernement de Kinshasa pendant la guerre régionale de 1998-2003. La présence de forces angolaises dans le pays, si elle était confirmée, marquerait une régionalisation du conflit et risque d’être perçue comme une provocation par le Rwanda.