Suite à une humiliante défaite fin octobre face à la rébellion aux portes de Goma, les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC) se livrent depuis le 10 novembre à des pillages et des exactions massives dans plusieurs villes au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Kinshasa a promis de sévères sanctions à l’encontre des soldats responsables de ces actions et a dépêché sur place le 12 novembre le chef d’Etat major de l’armée de terre, le général Gabriel Amisi, pour faire le point sur la situation.
Plus aucun treillis n’est de bon augure pour les populations de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les soldats des Forces armées de RDC (FARDC) se livrent depuis le 10 novembre à des pillages et des exactions à grande échelle dans des localités situées au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma, qui cristallise depuis quelques semaines les combats entre l’armée congolaise et les hommes de Laurent Nkunda.
«Des militaires des FARDC (armée régulière) se livrent depuis lundi soir à des pillages et à des exactions contre la population civile dans la zone de Kanyabayonga», a affirmé le porte-parole militaire de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC), le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.
Les violences se seraient progressivement étendues et concerneraient désormais également les villes de Kaïna et Kirumba, poussant vers le nord les populations qui fuient par dizaines de milliers les exactions de tous bords.
Kanyabayonga, Kaïna et Kirumba sont situées dans le territoire de Lubero, à une centaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, convoitée par le Conseil national de défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda.
Fin octobre, repoussés par les rebelles de Laurent Nkunda arrivés aux portes de Goma, les soldats des FARDC avaient déjà commis de nombreux pillages dans la capitale provinciale, qui avaient fait plusieurs victimes.
La MONUC a lutté le 11 novembre «pour que la rébellion n’exploite pas cette situation» et n’attaque pas Kanyabayonga, a souligné le lieutenant-colonel Dietrich, précisant que la MONUC avait lancé une opération avec des hélicoptères et des blindés pour ramener le calme dans la zone. Toutes les routes venant du sud de la province convergent à Kanyabayonga, qui est le verrou d’accès au nord du Nord-Kivu.
«Il n’y a pas eu de combats» le 11 novembre a assuré le porte-parole de la rébellion, Bertrand Bisimwa, qui avait dénoncé des violences contre des civils, alors que la veille, Laurent Nkunda avait assuré de respecter le cessez-le-feu décrété unilatéralement fin octobre par son mouvement.
«Un redéploiement des FARDC et des rumeurs d’attaque» ont provoqué à Kanyabayonga «un vent de mécontentement et de panique parmi les soldats et leurs familles. Les militaires ont commencé à tirer en l’air, à voler des voitures et piller des magasins», a précisé la MONUC.
Les radios locales signalaient le 12 novembre que plusieurs villages sur la route reliant sur une trentaine de kilomètres Kanyabayonga, Kaïna et Kirumba, avaient été mis à sac et des cas de viols ont été signalés.
«C’est une chose regrettable que l’armée régulière se mette à fuir sans avoir entendu un seul coup de feu et se mette à piller la population», a déploré un porte-parole des milices Maï-Maï du Nord-Kivu, alliées à l’armée régulière.
Le gouvernement a promis de «châtier» les soldats qui se sont livrés cette semaine à des pillages dans l’est de la RDC.
«Notre principe est la tolérance zéro pour punir ce comportement qui discrédite notre armée», a déclaré le 12 novembre le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, il a également ajouté que «quiconque aurait commis des exactions sera châtié».
Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Gabriel Amisi, est arrivé le 12 novembre à Kanyabayonga pour faire le point de la situation.
Sur le front humanitaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 1 000 cas de choléra depuis début octobre dans l’Est et craint une épidémie. L’ONU s’était également inquiétée que certaines zones du Nord-Kivu soient devenues des «trous noirs humanitaires» après le départ de ses équipes victimes de l’insécurité.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a par ailleurs affirmé qu’au moins 50 civils avaient été tués, la majorité par la rébellion, la semaine dernière à Kiwanja (80 km au nord de Goma), où l’ONU a dénoncé la perpétration de «crimes de guerre».
L’armée congolaise, en pleine restructuration depuis la fin de la guerre de 1998-2003, commet régulièrement viols, pillages et assassinats de civils. Mal payés et indisciplinés, ses soldats étaient responsables de 40% des violations des droits de l’Homme enregistrées en RDC dans les six derniers mois de 2006, selon l’ONU.