La commission nationale pour la sécurité alimentaire et le développement agricole a tenu sa première réunion le 3 décembre à Libreville autour du chef de l’Etat, qui a invité le gouvernement à mettre en œuvre un plan d’urgence pour juguler à court terme la dépendance alimentaire du pays et les fortes dépenses alimentaires qui en découlent. Le ministre de l’Agriculture, Paul Biyoghe Mba, a dressé un diagnostic alarmant de la sécurité alimentaire au Gabon et présenté un programme d’investissement 2009-2013 qui vise à réduire les importations alimentaires d’au moins 5% par an sur un panel de produits ciblés. Avec 250 milliards d’importations alimentaires par an, le gouvernement gabonais cherche à atténuer sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur en programmant des solutions à court terme qui permettraient de réorienter une partie des dépenses alimentaires en investissement pour le secteur agricole.
La Commission nationale pour la sécurité alimentaire et le développement agricole s’est réunie pour la première fois le 3 décembre à Libreville pour faire le point sur la situation de la sécurité alimentaire au Gabon et l’avancement des programmes de développement agricole initié depuis quelques années.
Cette réunion a réuni autour du chef de l’Etat le vice président de la République, Didjob Divungi Di Ndingue, le Premier ministre, Jean Eyeghé Ndong, ainsi que de nombreux membres du gouvernement concernés.
Les facteurs mis en cause par le ministre sont notamment le niveau trop bas de la production agricole nationale, l’exode rural, le vieillissement de la population rurale dont la moyenne d’âge est passée de 46 ans en 1960 à 56 ans en 2007, le mauvais état des infrastructures routières, l’insuffisant encadrement des producteurs et surtout l’absence de financements adaptés pour engager la révolution agricole.
«La commission a fait l’état des lieux de la sécurité alimentaire au Gabon afin de voir ce que nous importons, voir ce que nous consommons et les déficits», a expliqué Paul Biyoghe Mba.
«La commission a également examiné en première lecture un programme d’urgence pour assurer la sécurité alimentaire au Gabon. Aujourd’hui nous importons 85 à 90 % de ce que nous consommons. Dans ces 85 à 90 %, il y des produits qui peuvent être produits, cultivés au Gabon et avoir en quantité et qualité les mêmes produits», a-t-il souligné.
Le ministre a rappelé que le nombre élevé «d’importations nous fait sortir de l’argent du Gabon pour acheter ailleurs, nous dépensons en tout près de 250 milliards pour manger, mais surtout ces importations nous fragilisent parce que naturellement il n’existe pas de dépenses directionnelles pour ce que l’on mange».
«Si rien n’est fait d’ici 2010, les importations atteindront 291 milliards de francs CFA et 447 milliards de francs CFA en 2015», a averti monsieur Biyoghe Mba.
Le ministre de l’Agriculture a présenté un programme d’investissement à moyen terme pour les cinq prochaines années, sur la période 2009-2013, qui vise à «réduire d’au moins 5% par an un certain nombre de produits de première nécessité, notamment le manioc, la banane plantain, le riz, le choux, la tomate, mais aussi les produits garnis tels que la volaille, la viande de porc, le lapin et les petits ruminants».
«Voici de simples produits qui sont très largement importés et qui peuvent être produits au Gabon. Si nous nous organisons de manière conséquente à partir de maintenant, nous sommes persuadés que malgré les difficultés, car il y en aura forcément, nous pourrons atteindre cet objectif de réduction de 5% au moins par rapport à ces produits», a assuré Paul Biyoghe Mba.
«Nous avons l’obligation de nous améliorer, et surtout d’être performants, parce que nous sommes aujourd’hui dans un monde de compétition. Le Gabon n’est pas le seul pays d’Afrique et du reste du monde, donc si on n’est pas performant, naturellement, on va avoir des difficultés», a-t-il rappelé.
«Nous avons suffisamment tiré de leçons, nous avons bien su identifier les travers, les mauvais projets, les surdimensionnements, les mauvaises gestions, les personnels pas souvent qualifiés, les choix pas toujours opportuns», a estimé le ministre, avant d’expliquer que les «nouvelles orientations doivent maintenant tenir compte des critères de performance, de compétitivité et de compétence».