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Gabon : Libreville se drape des couleurs du Père Noël

Il y a autant de façon de célébrer la naissance de Jésus Christ qu’il y a de cultures. Noël à Libreville crée une frénésie et une effervescence aussi bien au niveau de la consommation qu’à celui de la fête ou de la foi proprement dite. Ici il n’y a pas de neige et certaines traditions de Noël qui sont communes dans les autres parties du monde ne sont pas toujours suivies au Gabon. Panorama du Noël des Librevillois. Importé de l’Occident durant la colonisation, la fête de Noël qui commémore la naissance de l’enfant Jésus, s’est imposée au Gabon, soutenue par la télévision et les modes de consommation des classes aisées. A ce sujet, Ibrahim Itsiendet, président de l’Organisation gabonaise des consommateurs (OGC), explique : «Une bonne frange de la population des villes au Gabon est enclin au snobisme et veut vivre selon des modèles importés qui sont au dessus de leurs moyens» Il s’offusque ainsi de la frénésie de consommation constatée durant les fêtes de fin d’année à Libreville.

Les préparatifs

Depuis le début du mois de décembre, les boutiques ont embelli leurs étalages, les supermarchés se sont achalandés et des marchés de fortune se sont érigés en bordure des routes qui vendent des jouets et des objets de décoration (sapin artificiel, boules, guirlandes, étoiles, jeu de lumière… d’une durée de vie égale au temps de fêtes). Durant les deux journées qui ont précédé le 25 décembre, la capitale gabonaise était en ébullition tant il y avait du monde dans les rues. Si bien que les taxis et autres clandos semblaient manquer. Les transporteurs en ont d’ailleurs profité pour monter les enchères, au point qu’il fallait proposer au moins 300 francs CFA pour des trajets qui coûtent habituellement 100 francs.

Du fait de l’absence d’une épargne conséquente, les Librevillois ne préparent pas souvent les fêtes de fin d’année dès le mois de novembre. Ils attendent le dernier moment pour procéder aux achats nécessaires. Les fonctionnaires, qui ont été payés le 21 décembre, n’ont, par exemple, pas démarré leurs achats un peu plus tôt que les autres. Cette culture du dernier moment explique l’effervescence particulière enregistrée à Libreville dans la journée du 24 décembre. On notait des embouteillages monstres aux abords des marchés et des places commerciales. A Mbolo, le plus grand supermarché du pays, de nombreux clients ont eu tout le mal du monde à trouver un caddie vide et on en discutait sur le parking. La fête de Noël a donc réellement commencé avec cette fièvre commerciale qui a fait le bonheur des commerçants mais aussi des photographes et des pères Noël noirs aux côtés desquels les enfants posaient dans la plupart des grandes surfaces.

La fête religieuse

Comme de tradition, les familles chrétiennes, même celles qui ne sont pas très pratiquantes, ont adopté le rituel de la messe de minuit. Si les églises du réveil n’ont pas sacrifié à ce rite, les églises catholiques de Libreville ont enregistré des taux de remplissage record. Ainsi, le parking de la cathédrale Sainte-Marie était si débordé que de nombreuses automobiles ont été garées aux abords des voies attenantes, tandis qu’à la paroisse des Rois Mages à Akébé-Ville, près d’une centaine de personnes a suivi la messe de minuit à l’extérieur de l’église. Dans toutes les églises de Libreville, les chrétiens, vêtus d’habits flambants neufs ou fraichement repassés ont prié et chanté, bref ont fait la fête religieuse. De tradition, ces messes sont perturbées par quelques garnements qui lancent des pétards mais cette année, du fait d’une mise en garde des autorités, les messes se sont déroulées dans la tranquillité et la pure ferveur chrétienne.

Fête familiale et night-clubbing

La frénésie de la consommation constatée durant les journées du 23 et 24 décembre ne concernait pas seulement l’achat des jouets et de décorations de Noël. Il s’agit surtout de s’approvisionner pour la préparation d’un repas copieux pour le soir de Noël auquel on invite parents et amis. Si dans certaines familles, les cadeaux n’ont pas attendu minuit pour être remis aux enfants. La plupart des parents ont attendu cette heure pour laisser les enfants déballer les présents qui leur étaient destinés.

Dans de nombreuses familles, la bombance s’est reproduite le lendemain au repas de midi, toujours avec les parents et amis invités ; pas souvent les mêmes que durant le réveillon. Il faut dire que le Gabonais ne fête jamais dans le cercle clos de la famille nucléaire. La table est toujours ouverte aux amis, voisins et parents.

Mais, les bars des quartiers ont également été pris d’assaut par tous ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient pas rester en famille. De même, alors que c’est «la fête des enfants», les night-clubs de la capitale se sont remplis de noceurs. Les tenanciers de ces établissements, conscients de l’énorme masse monétaire en circulation, n’ont pas hésité à augmenter leurs tarifications en prétextant de soirées «Spécial Noël».

La fête a été belle. Mais sans doute moins belle que celle qui aura lieu dans moins d’une semaine : La Saint Sylvestre ou la « Bonané » ainsi qu’on l’appelle de ce côté de la planète.

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