Au moins cinq militants de la société civile ont été interpellés par la police, mercredi matin dans la capitale gabonaise, selon des témoignages. L’un de ces militants est lié aux organisations Transparency International et Sherpa qui avaient déposé, début décembre à Paris, des plaintes portant sur « les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France » par trois présidents africains, dont celui du Gabon, et leur entourage. Depuis le 22 décembre, ces deux organisations sont visées par une plainte déposée par la Fondation Omar Bongo Ondimba.
Selon l’organisation des Acteurs libres de la société civile gabonaise, il y a aurait parmi les interpellés Marc Ona, coordinateur au Gabon de la coalition « Publiez ce que vous payez », et Grégory Ngwa Mintsa, un fonctionnaire qui avait porté plainte dans l’affaire des biens mal acquis de plusieurs chefs d’Etat africains, dont Omar Bongo du Gabon, Denis Sassou Nguesso du Congo et Teodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale.
Selon la plateforme des Acteurs libres de la société civile gabonaise, ils seraient au moins cinq militants à avoir été interpellés. Parmi eux, des personnalités comme Marc Ona, coordinateur local de la coalition « Publiez ce que vous payez ». Ses bureaux auraient été saccagés et des ordinateurs saisis. Autres personnalités interpellées : Georges Mpaga et le directeur technique de Radio Sainte-Marie Gaston Asséko.
Un autre Gabonais a aussi fait les frais de cette opération menée mercredi matin : Grégory Ngwa Mintsa. Ce fonctionnaire s’était porté partie civile dans l’affaire des biens mal acquis de plusieurs chefs d’Etat africains dont celui du Gabon. Malgré les pressions, il avait décidé de maintenir sa plainte aux côtés des organisations Transparency International France et Sherpa. Est-ce pour cela qu’il a été interpellé aujourd’hui ? Ce qu’on sait c’est que, le 22 décembre dernier, la Fondation Omar Bongo Ondimba pour la paix a déposé plainte pour diffamation à Libreville contre les deux organisations auxquelles Grégory Ngwa Mintsa s’est associé.
Contactées par RFI mercredi matin, les autorités de Libreville confirment que « plusieurs personnes sont entendues dans le cadre d’une enquête ouverte par le procureur de la République ». Mais on ne sait pas pour l’instant sur quoi porte cette enquête, ni ce qu’on reproche donc à ces citoyens gabonais. Il faut ajouter que ce mardi deux journalistes qui avaient assisté à une réunion de Transparency International à Libreville ont été aussi interpellés. L’un d’eux a été libéré mais le second, rédacteur en chef du journal Tendance, était toujours en garde à vue mercredi matin.