Alain Moupopa, chef d’une ONG gabonaise, a affirmé samedi à l’AFP à Libreville ne pas avoir été interpellé en même temps que d’autres leaders de la société civile détenus depuis le 31 décembre à la police judiciaire (PJ), mais être « recherché » pour des motifs inconnus.
« Je n’ai pas été interpellé, parce qu’au moment où (les policiers) sont venus arrêter mes autres collègues, je n’étais pas au bureau », a expliqué M. Moupopa, président de l’ONG Afrique-Horizons, dont plusieurs sources avaient annoncé l’interpellation en même temps que Marc Ona Essangui et Georges Mpaga, à leur siège commun.
Il a ajouté être cependant « recherché » tout comme Marcel Libama, un responsable du Front des organisations de la société civile contre la pauvreté au Gabon (FOSCPG) regroupant, selon lui, une cinquantaine de syndicats et ONG incluant la sienne.
« Je ne sais pas pourquoi on nous recherche, ni ce qu’on reproche à mes collègues. Jusqu’à maintenant, nous ne savons pas pourquoi ils sont arrêtés », ce qui a été fait « sans mandat, sans convocation », a-t-il dit, précisant ne disposer « aucune nouvelle d’eux.
« On ne laisse même pas leur famille leur rendre visite », a-t-il affirmé.
Le FOSCPG a de son côté réclamé samedi, au cours d’une conférence presse, « la libération pure et simple » des leaders d’ONG et de leurs co-détenus à la PJ.
Vendredi, le ministre gabonais de l’Intérieur André Mba Obame avait confirmé à l’AFP plusieurs interpellations, ajoutant que certaines personnes avaient déjà été entendues et relâchées, mais n’avait fourni aucun détail sur les motifs et la durée de ces interpellations, évoquant le secret de l’enquête.
Outre Marc Ona Essangui, coordonnateur au Gabon de la coalition « Publiez ce que vous payez » (PCQVP) qui milite pour une gestion transparente des revenus pétroliers, et Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG), cette enquête a conduit à l’interpellation d’au moins trois autres personnes.
Ont été cités deux journalistes de la radio Sainte-Marie et du bimensuel Tendance Gabon (médias privés) ainsi que Gregory Ngbwa Mintsa, un Gabonais associé à une plainte visant les présidents gabonais, congolais et équato-guinéen.
M. Ngbwa Mintsa est partie civile aux côtés des ONG françaises Transparence International France et Sherpa dans une plainte déposée le 2 décembre à Paris.
Cette plainte porte sur « les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France » par ces trois présidents et des membres de leur entourage.