Trois responsables d’ONG militant pour la transparence financière et un responsable d’une radio catholique restaient détenus hier à Libreville, en lien avec la plainte contre les « biens mal acquis » des présidents africains en France.
Est-il permis de demander des comptes au président du Gabon, Omar Bongo Ondimba ? Ceux qui ont osé le faire en paient le prix depuis une semaine. Le 31 décembre, Marc Ona Essangui, coordinateur gabonais de « Publiez ce que vous payez », une plate-forme internationale d’ONG qui s’intéresse à l’utilisation de l’argent issu des produits d’extractions comme le pétrole, a été arrêté par les autorités gabonaises. Sans motif officiellement connu à ce jour. Avec lui, Grégory Gbwa Mintsa, un Gabonais qui a porté plainte en France contre plusieurs chefs d’État africains, dont le président gabonais, pour détournement d’argent public, avec le soutien d’une autre coalition d’ONG luttant contre la corruption. Georges Mpaga, qui dirige le Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) a également été arrêté. En revanche, Alain Moupopa, président de l’ONG Afrique Horizon, a réussi à s’échapper. Le siège de ces ONG a été perquisitionné et du matériel informatique emporté.
La veille, deux journalistes avaient déjà été arrêtés : Gaston Asseko, directeur technique de la station catholique Radio SainteMarie, et Léon Dieudonné Kongou, du journal Tendance Gabon.
L’épouse de Marc Ona a pu rendre visite à son mari lundi, pour la première fois depuis le début de sa détention. Il semblait calme, mais a déjà été interrogé plusieurs heures durant. Georges Mpaga, le président du ROLBG, aurait subi des violences, selon un de ses proches.
Les autorités gabonaises semblent en vouloir à Bruno Ben Moubamba, ancien journaliste à Radio Sainte-Marie et porte-parole du réseau des « Acteurs libres de la société civile gabonaise ». Il est l’auteur d’une lettre ouverte à Omar Bongo publiée sur Internet (www.acteurslibres.org), dans laquelle il accuse le président d’avoir dilapidé les richesses du pays qu’il dirige depuis quarante et un ans. « Ces ressources, avec une population de moins de 1,5 million d’habitants, devraient garantir aux Gabonais un niveau de vie similaire à celui des pays du Golfe. Mais, à l’exception de l’extrême minorité qui vous entoure, les populations vivent comme des misérables », y écrit-il notamment. La police est allée rechercher Bruno Ben Moubamba jusque dans l’ancienne mission catholique de Sindara, à plus de sept heures de route de Libreville, où une association présidée par le journaliste entretient une école et un dispensaire. Prenant peur, une volontaire burkinabée qui gère le centre est allée se réfugier à l’archevêché de Libreville.
Neuf ONG, dont l’Acat France, Amnesty International France, le CCFD, la FIDH, le Secours catholique et Transparency International France, se sont associées pour dénoncer hier des arrestations « sans fondement légal » et « contraires à tous les engagements internationaux pris par le Gabon ». Interrogé lundi par l’Agence France-Presse, le ministre gabonais de l’intérieur, André Mba Obame, s’est refusé à dévoiler le motif des arrestations. « Je ne peux pas vous parler d’une enquête en cours, a-t-il déclaré. Elle a été ouverte par le procureur. » Les leaders d’ONG « sont des justiciables comme tout le monde », a-t-il affirmé.
C’est bien parce qu’il est lui-même l’objet d’une plainte à Paris, pour « recel de détournements de fonds publics », qu’Omar Bongo semble perdre son sang-froid. Transparency International et Sherpa souhaiteraient connaître « les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France » par lui-même et ses homologues Denis Sassou Nguesso (Congo) et Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale). Classée sans suite en novembre dernier, une première plainte avait déclenché une enquête ayant permis d’établir qu’Omar Bongo et sa famille disposaient de 33 biens immobiliers dans l’Hexagone, dont un grand hôtel particulier près des Champs Élysées, acquis pour 18,8 millions d’euros en 2007. « Personne ne peut croire sérieusement que ces biens immobiliers ont pu être acquis par le seul fruit de salaires », expliquent les plaignants.
Âgé de 73 ans, Omar Bongo est une des figures les plus emblématiques de l’Afrique post-coloniale, apprécié des gouvernants français pour sa prodigalité et sa capacité d’influence en tant que « doyen » du continent. De récents problèmes de santé ont relancé la guerre pour sa succession, opposant notoirement son fils, Ali Bongo, ministre de la défense, et son gendre Paul Toungui, ministre des affaires étrangères. La nomination récente à la tête des corps d’armée de proches d’Ali Bongo laisse penser que ce dernier serait en position favorable. Quant aux Gabonais, qui voient leur espérance de vie plafonner à 54 ans et vivent pour le tiers d’entre eux sous le niveau de pauvreté, ils ont peu ressenti les effets des milliards de dollars tirés du sous-sol de leur pays. Dénonçant, dans ses vœux à la nation, les « lenteurs » et les « lourdeurs » de l’action gouvernementale, Omar Bongo a appelé ses concitoyens à « changer de mentalité et à se mettre résolument au service du Gabon ». Une injonction que le président gabonais refuse visiblement qu’on lui renvoie.
Des dizaines de biens immobiliers dans l’Hexagone, dont un grand hôtel particulier près des Champs-Élysées.
Les soutiens du président Bongo dénoncent une « cabale »
Le mouvement « Génération Omar Bongo Ondimba » a déposé lundi à l’ambassade de France à Libreville plus de 4 000 lettres en réponse, selon lui, aux « ignominies » dénigrant le président gabonais, visé par une plainte d’ONG françaises. « Nous ne pouvons présager des actions et réactions de nos compatriotes (…) si cette cabale perdure », a averti sa présidente. L’association, ainsi que la « Fondation Omar Bongo Ondimba pour la paix » ont porté plainte en diffamation à Libreville. Une plainte similaire en France avait été annoncée par Me Patrick Maisonneuve, avocat d’Omar Bongo. L’avocat n’était pas joignable hier pour préciser si cette plainte a été effectivement déposée.
Source : La Croix – LAURENT D’ERSU ET ANNE LEFÉBURE – 07/01/2008
salut,face aux arrestations qui se font au Gabon.
je souhaiterai que toutes les associations et les gabonnais qui pensent encore en l’avenir de celui-ci,nous puissions informer encore un peu plus de ce qui se passent en ce moment,par divers moyens,tels que la diffusion de cette infos dans les forum des medias d’europe ou nous sommes,afin que Mr sarkozy puisse être sur le fait accompli,et face une déclaration,afin de faire bouger les lignes.
ps:je recherche si possible,des sites internet,s’il en existe satirique gabonnais,dans le cas contraire,c’est le moment dans créer.