Le Conseil permanent de la Francophonie en Session extraordinaire ce vendredi à Paris, sous la présidence du Secrétaire général de l’Organisation, Abdou Diouf, en vue de l’examen de la situation en Guinée à la suite de la prise du pouvoir par les militaires, a décidé de suspendre « la participation des représentants de la Guinée aux réunions des instances ainsi que la coopération multilatérale francophone ». Selon cette note, « Le Conseil permanent de la Francophonie (CPF) s’est réuni en Session extraordinaire pour examiner la situation en Guinée au regard de la Déclaration de Bamako à la suite du coup de force du 23 décembre 2008 ».
Ainsi, rapporte le communiqué, « une importante délégation guinéenne, conduite par le Ministre Boubacar Barry et comprenant le Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ainsi que des représentants du CNDD, des syndicats et de la société civile, avait fait le déplacement depuis Conakry pour s’adresser aux membres du CPF réunis en session extraordinaire ».
« Ayant pris connaissance du rapport circonstancié de la mission d’information et de contacts dépêchée par le Secrétaire général du 8 au 11 janvier 2009 à Conakry, le CPF a confirmé les prises de position déjà exprimées par le Secrétaire général de la Francophonie dans les communiqués en date des 23 et 25 décembre 2008. Il rappelle en outre les dispositions de la Déclaration de Bamako qui stipulent que « pour préserver la démocratie, la Francophonie condamne les coups d’État et toute autre prise de pouvoir par la violence, les armes ou quelque autre moyen illégal ».
Le CPF demande au Secrétaire général de la Francophonie de maintenir un dialogue avec les membres du CNDD et les acteurs politiques et sociaux guinéens ainsi que les partenaires internationaux en vue de contribuer activement au bon déroulement de la transition, notamment par l’adoption de nouveaux textes fondamentaux, la tenue d’élections libres, fiables et transparentes et l’instauration d’un Etat de droit et le bon fonctionnement des institutions.
Soulignant l’importance qui s’attache au caractère consensuel de la gestion de cette transition, à toutes ses étapes, impliquant notamment l’aménagement d’un ordre constitutionnel consensuel et respectueux des principes de l’Etat de droit et la mise en place de mécanismes ou d’espaces de concertation permanente et sans exclusive, entre le CNDD, le gouvernement et l’ensemble des forces vives de la Guinée, les membres du Conseil permanent réunis en session extraordinaire demandent aux nouvelles autorités de confirmer formellement leurs engagements et de préciser, dans les meilleurs délais, le calendrier et les modalités de retour à une vie constitutionnelle véritablement démocratique et d’en permettre la vérification sans entraves par des observateurs internationaux.
Enfin, le CPF insiste sur la nécessité de prendre rapidement les mesures adéquates, propres à autoriser et garantir l’exercice des activités politiques et le fonctionnement des institutions de la République et de veiller au plein respect des droits et libertés ainsi qu’à la sécurité des personnes et des biens.
Dans ce contexte, le CPF décide, à titre provisoire et conformément au chapitre V de la Déclaration de Bamako, de suspendre « la participation des représentants de la Guinée aux réunions des instances ainsi que la coopération multilatérale francophone, à l’exception des programmes qui bénéficient directement aux populations civiles et de ceux qui peuvent concourir au rétablissement de la démocratie ».
Le CPF reste saisi de la question qui fera l’objet d’un examen approfondi lors de sa prochaine session ordinaire, en avril prochain.
L’OIF compte 56 Etats et gouvernements membres, et 14 pays observateurs.
On rappelle que l’Union africaine (UA) avait suspendu l’appartenance de la Guinée à l’organisation continentale l’UA, en réitérant « sa ferme condamnation du coup d’Etat » à la suite du coup d’État militaire qui a suivi la mort du président Lansana Conté.
De même la présidence de l’Union Européenne (UE) avait appelé tous les responsables politiques et militaires « à respecter (…) les dispositions constitutionnelles afin d’assurer une transition pacifique en vue de l’organisation rapide d’élections libres et transparentes ».