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Les militants pro-Obama s’interrogent sur l’après-20 janvier

Plutôt qu’un bal, les militants ont organisé une discussion sur l’avenir du « mouvement ». Dans l’amphithéâtre de l’université du district de Columbia, à Washington, mardi 20 janvier, ils sont plusieurs centaines à représenter les associations de gauche qui ont contribué à porter Barack Obama à la présidence des Etats-Unis.

« Dans deux cents ans, son nom sera encore connu de tout le monde, dit Van Jones, un écologiste de Californie. Mais quelle étiquette accolera-t-on à son nom : Barack Obama, premier Black à la présidence ? Ou Barack Obama, héros global ? La réponse dépend de lui mais aussi de nous. » De tout le pays, des centaines de milliers de militants sont venus assister à l’investiture du 44e président américain et fêter une victoire à laquelle ils estiment avoir beaucoup contribué, quoi que certains commencent à « réécrire l’Histoire », comme dit Van Jones. « Le mouvement pro-démocratie n’a pas commencé avec un grand discours en 2004. Il y a eu la lutte contre la mondialisation, puis contre la guerre. Barack n’a pas créé le mouvement. C’est le mouvement qui a créé l’occasion pour lui », rectifie-t-il.
Les « organisateurs de communauté » des quartiers sud de Chicago, où Barack Obama a fait ses classes en politique dans les années 1980, sont là aussi, arrivés dans les derniers, après avoir voyagé en bus pour réduire les frais.

LES ACTIVISTES NE SONT PAS PEU FIERS

Au-delà de l’euphorie, les activistes se posent la question de l’après-20 janvier. Quel va être leur rôle ? Leur moyen de communication avec le président ? Comment vont-ils pouvoir peser sur les décisions d’une administration Obama remplie de centristes, surtout dans le domaine économique ? Et dont les lobbies vont faire le siège pour empêcher toute réforme, comme celle de l’assurance médicale par exemple ? « Après avoir été élu [en 1932], Roosevelt a fait une réunion avec les réformateurs. Il leur a dit : ‘Je suis d’accord avec vous. Mais j’ai besoin de pressions. Forcez-moi à faire les réformes.’ C’est de cela dont a besoin Barack Obama. De pressions ! », assure Nan Aron, présidente de l’Alliance pour la justice, une organisation qui regroupe 70 associations progressistes. Elle a rencontré Barack Obama à Chicago, il y a des années, un soir où elle avait donné une conférence. « J’ai vu arriver un jeune sénateur local. Il s’est présenté et il a demandé s’il pouvait photocopier la liste d’émargement de l’assistance. Vous voyez où ça l’a mené. » Les activistes ne sont pas peu fiers. L’un des leurs est à la Maison Blanche. « Etre travailleur social, c’est devenu cool », s’émerveille un participant dans l’assistance.

Pour Eli Pariser, l’un des fondateurs de Moveon.org, l’organisation pionnière qui avait fini par devenir l’une des bêtes noires de George Bush et Dick Cheney, mais qui n’a pas réussi à porter John Kerry à la présidence en 2004, la vigilance s’impose. « On peut se laisser griser un certain temps, dit-il. Mais une période de turbulences nous attend. Quand les temps sont difficiles, les gens ont tendance à se replier sur la loi et l’ordre. Le pendule pourrait très bien basculer dans l’autre sens. » Antidote : « L’expérience partagée. » Il est impératif pour les associations de créer un « sentiment d’être ensemble, dit Eli Pariser. Si vous êtes licenciés mais que vous savez que vous n’êtes pas le seul, vous n’avez pas le même sentiment d’injustice. »
Pour les militants, l’un des premiers tests va être la répartition des 850 milliards de dollars du plan de relance de Barack Obama. « C’est une occasion unique d’obtenir le financement de projets verts », estime Van Jones, auteur du livre The Green Collar Economy (« L’économie des cols verts », HarperOne, 2008). Il est assez furieux contre les projets prêtés à l’équipe Obama. « Ils veulent envoyer l’argent aux gouverneurs ! C’est le plus sûr moyen d’avoir des routes qui ne mènent nulle part. » A ses yeux, les associations doivent se battre pour que l’argent aboutisse dans les collectivités locales, comme les mairies, qui sont plus proches des citoyens.

Les activistes ont peur d’être déçus. « Dans son cœur, je crois qu’il est un progressiste, dit Eli Pariser, le responsable de Moveon.org. Mais il y a beaucoup de gens autour de lui qui lisent les sondages et qui pensent aux prochaines élections. » Et la critique est difficile. « Il faudra assumer le fait que Barack fait ce qu’il faut, mais que s’il échoue, c’est parce que nous avons échoué à créer l’espace politique », dit Van Jones, le militant vert.

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