Le journaliste français Pierre Johan Morel et le caméraman suisse Olivier Pronthus, travaillant pour l’agence audiovisuelle française Capa, ont été interpellés le 10 février dernier à Libreville par la Police de l’air et des frontières (PAF) alors qu’ils tentaient de quitter le territoire gabonais où ils sont arrivés le 5 février dernier. La ministre gabonaise de la Communication, Laure Olga Gondjout a accusé ces deux journalistes d’avoir contourné la procédure en entrant au Gabon avec le statut de touriste suite au refus de leur première demande de visa pour enquêter sur l’«affaire Kouchner».
La ministre gabonaise de la Communication, Laure Olga Gondjout, a invoqué l’application du principe de réciprocité à l’encontre des deux journalistes de l’agence audiovisuelle française Capa, entrés irrégulièrement sur le territoire gabonais le 5 février dernier avec le statut de touristes.
Le journaliste français Pierre Johan Morel et le caméraman suisse Olivier Pronthus ont été interceptés par la Police de l’air et des frontières (PAF) le 10 février dernier, 5 jours après leur entrée au Gabon où ils ont réalisé des reportages.
Laure Olga Gondjout a expliqué que ces deux journalistes «sont arrivés le 5 février comme touristes. (…) Il faudrait qu’ils répondent de ce contournement de procédure».
Les journalistes de la Capa avaient dans un premier temps demandé un visa en indiquant être des journalistes souhaitant «faire une enquête pour l’affaire Bernard Kouchner. Nous ne leur avons pas donné parce que nous estimons que c’est une affaire franco-française», a expliqué la ministre de la Communication.
Madame Gondjout a expliqué qu’après le refus du visa, ces journalistes ont «contourné la procédure, plutôt que de la respecter» en se présentant comme touristes pour redemander, et finalement obtenir, un autre visa.
«Ces personnes, dans leurs dossiers, n’avaient que la photocopie de leur carnet de vaccination, comme l’affaire Lévy», a affirmé la ministre Gondjout, en référence à l’avocat français Thierry Lévy dont le visa avait été annulé en décembre dernier alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour défendre à Libreville des leaders d’ONG incarcérés.
«Leurs dossiers n’étaient pas complets. Si nous ne l’avons pas accepté pour Lévy, nous ne devons pas l’accepter pour eux. (…) Nous agissons en toute souveraineté», a ajouté Laure Olga Gondjout.
Conformément à l’accord sur la gestion concertée des flux migratoires qui lie les deux pays, madame Gondjout a ajouté qu’elle «n’imagine pas que mes compatriotes fassent la même chose» en France sans être inquiétés.
Selon l’agence Capa, les deux journalistes effectuaient un reportage consacré aux parcs nationaux et à l’écotourisme au Gabon pour le compte de l’émission «l’Effet Papillon», précisant que ces reporters travaillaient avec l’autorisation écrite de la Direction Nationale des Parcs Nationaux, qui aurait été «parfaitement informée de la nature de ce voyage».
L’agence audiovisuelle française ajoute que Pierre Morel et Olivier Ponthus s’étaient présentés au Ministère de la Communication dès leur arrivée dans la capitale gabonaise et avaient expliqué aux autorités compétentes la nature de leur reportage.
Les deux journalistes ont été relâchés par la PAF vers 23 heures mais la caméra et les cassettes de tournage leur ont été confisquées et devaient leur être rendues dans la matinée du 11 février.
Interrogés par la PAF «sur la fausseté de leur identité ou de leur qualité», les journalistes de la Capa auraient indiqué être venus au Gabon «dans le cadre d’une enquête sur l’affaire Kouchner», l’actuel ministre français des Affaires étrangères, récemment mis en cause pour ses activités de consultant dans le domaine de la Santé au Gabon.
La ministre gabonaise de la Communication a affirmé agir en toute conscience de la polémique qui pourrait naître de cette affaire en France. Elle oppose au risque de l’incident diplomatique la souveraineté nationale et le principe de réciprocité quant au traitement des ressortissants d’un pays dans l’autre. La France avait en effet fait peu de cas de la polémique lors des expulsions répétées d’étudiants gabonais en France au début de l’année 2008.