Le dossier des « biens mal acquis » en France confine parfois au catalogue de voitures de luxe. Ainsi, selon la police, la famille Bongo possédait à elle seule, à la date du 12 juillet 2007, deux Ferrari, six Mercedes, trois Porsche, une Bugatti et quelques autres véhicules. Rien que du haut de gamme, dont les factures trahissent un double souci du détail et de l’esthétique.
En 2004, quand Omar Bongo s’offre, à Paris, une Ferrari 612 bleue (garantie 36 mois pièces et main-d’oeuvre), il prend en option les écussons « Scuderia » à 1 291 euros. Une peccadille, sur un montant global de 193 816 euros.
Sa fille Pascaline préfère les Maybach, une marque allemande. En 2002, elle en achète une pour 424 477 euros, sans lésiner, elle non plus, sur les options: la « paroi de séparation » (29 498 euros), le « toit panoramique » (14 498 euros) et l’indispensable « store électrique pour vitre arrière » (3 002 euros).
Mais le garage des Bongo ferait presque pitié devant celui de Teodoro Nguema Obiang Mangue, fils du président de la Guinée équatoriale. Cet homme de 39 ans, ministre de l’Agriculture et de la Forêt au sein du gouvernement paternel, ne regarde pas à la dépense. Les enquêteurs ont identifié huit voitures à son nom, acquises entre 1998 et 2007 en France: deux Ferrari, une Maybach 62, deux Bugatti Veyron, une Rolls-Royce (Phantom limousine), deux Maserati. Le montant total? 4 213 618 euros.
Dans la Rolls, achetée en 2005 pour 381 000 euros, il avait prévu des « repose-pieds arrière pivotants » (1 800 euros) et une « boiserie marquetée en ronce de noyer » (2 000 euros). Pour l’une des Maserati (type MC12, intérieur cuir noir et bleu), il a bénéficié d’une remise de 7 190,63 euros, mais la facture s’est tout de même élevée à 709 000, 01 euros TTC.
Dans le cas des Bugatti, il a réglé ses dépenses par des virements émanant de la Somagui Forestal, la société d’exploitation forestière qu’il dirige dans son pays. Dans un rapport daté du 9 novembre 2007, la police voyait là un « financement pour le moins atypique ».
L’avocate française du président guinéen, Me Isabelle Thomas-Werner, rejette ces soupçons et précise que le fils aîné de son client est « un homme très riche », dont la fortune provient « en partie du commerce du bois ». Selon elle, il aurait cessé ses activités à la Somagui Forestal « depuis deux ans ». Le 16 mai 2007, il y a donc moins de deux ans, la même société a pourtant effectué, à son profit, un virement en France de 300 000 euros. Un acompte pour l’achat… d’une troisième Bugatti!
Par Philippe Broussard