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Gabon : Les dommages collatéraux de la grève de la Santé

Les populations gabonaises les plus démunies paient le prix fort de la grève des personnels de santé, qui s’enlise dans un dialogue de sourd avec la suspension du service minimum depuis le 27 janvier dernier dans les structures sanitaires publiques de l’ensemble du territoire national. L’implication du Premier ministre qui a multiplié les exhortations pour la reprise du service minimum, code d’éthique et serment d’Hippocrate à l’appui, n’a pas ébranlé la détermination du Syndicat national des personnels de santé (SYNAPS).

Aux grognements sévères des personnels de santé viennent se mêler les douloureuses plaintes des populations les plus démunies, qui déplorent la mort de leurs proches faute d’un service de santé public opérationnel.

Fédérés au sein du Syndicat national des personnels de santé (SYNAPS), les agents du secteur de la santé demeurent inflexibles aux nombreux appels lancés par la tutelle et le chef du gouvernement pour la reprise du service minimum suspendu le 27 janvier pour répondre à la négligence des autorités face aux maux du secteur.

A qui la faute ? La question taraude toutes les consciences et face aux codes d’éthique et serment d’Hippocrate brandis par le gouvernement, on oppose aisément le besoin immédiat de réactiver un secteur santé laissé à l’abandon.

Le Premier ministre a improvisé une visite au Centre hospitalier de Libreville (CHL) le 11 février dernier pour constater les dommages collatéraux de cette grève qui s’enlise dans un pathétique bras de fer aux conséquences tragiques.

«Il y a certes des morts tous les jours mais à cause de la grève, plusieurs personnes qui ne méritaient pas de mourir sont mortes», a déploré le chef du gouvernement, convenant que «la grève est un droit», mais précisant que «la même loi exige aussi le service minimum».

La rareté et la cherté des structures médicales privées ne permettent pas d’en faire une alternative palliative, et les autorités s’accordent au triste constat que cette crise a «augmenté le nombre de décès» sur l’ensemble du territoire gabonais.

Le 6 février dernier, une jeune femme enceinte âgée de 25 ans est décédée dans un cabinet médical de Libreville après avoir été refoulé du CHL où elle s’était présentée pour accoucher.
La famille de la victime a annoncé qu’elle porterait plainte contre le CHL pour «non assistance à personne en danger et manquement grave aux principes fondamentaux du service minimum, prévus par la loi en matière de grève au Gabon».

Qu’ils soient martyrs ou dommages collatéraux, les autorités, responsables devant le peuple, devront répondre de la mort de ces personnes victimes d’un service public défaillant. Il est grand temps que le gouvernement prenne ses responsabilités pour rouvrir les hôpitaux et éviter une hécatombe à la nation.

Les grévistes réclament une augmentation de la prime de logement et l’attribution d’une prime hospitalière. Le gouvernement a augmenté la prime de logement mais reste toujours dubitatif sur la prime hospitalière qui irait de 100 000 à 200 000 francs CFA selon la catégorie professionnelle.

La crainte d’une réaction en chaîne des grèves dans le service public transparaît en filigrane dans la posture du gouvernement face aux revendications du SYNAPS, mais combien de morts faudra-t-il pour qu’un des deux camps fasse le premier pas ? Qui sera tenu responsable des dommages humains et socio-sanitaires engendrés par cette grève ?

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