La problématique de la régularité et de la fiabilité de la fourniture en eau et en électricité par la Société d’énergie et d’eau du Gabon, a fait l’objet d’un débat en ouverture de l’émission pluri thématique «Le Grand Journal » de la première chaîne de télévision gabonaise, ce dimanche en début d’après-midi. Plusieurs questions de fond ont été évoquées durant cette première partie de l’émission, avec en toile de fond la très longue coupure d’électricité qu’ont subie les populations de la capitale gabonaise, du vendredi 13 à 00h au samedi 14 février aux environ de 18 heures et les délestages (eau et courant) qui se poursuivent du reste dans plusieurs quartiers de la capitale.
Parmi les points relevés par les invités de l’émission, figuraient notamment l’opportunité de la révision de la concession accordée à la SEEG par l’Etat gabonais pour une durée de 20 ans à partir de 1996, dès lors que, non seulement les résultats ne sont pas au rendez-vous des promesses, mais la qualité du service rendu aux abonnés va décroissant.
Samedi, un reporter de Gabonews s’est rendu sur l’un des sites de la SEEG à Owendo, où une source requérant l’anonymat lui a donné, comme explication à cette longue coupure, le fait qu’un de leurs transformateurs, chargé de distribuer l’électricité dans 15 quartiers de la capitale, était tombé en panne. D’où la question sur le renouvellement des infrastructures.
A l’époque de la signature de l’acte de concession, une annonce forte avait été faite par le concessionnaire. La SEEG s’était engagée à 400 milliards de francs Cfa dans la remise à niveau des installations et le redéploiement en direction d’une satisfaction de la demande nationale en eau et en électricité. 13 ans plus tard, les dits investissement ne sont que de l’ordre de 50 milliards de francs Cfa, soit 12,5% du montant annoncé.
Ce constat de non-conformité entre l’annonce et la concrétisation ouvre sur d’autres considérations.
La séparation des métiers : la SEEG doit-elle continuer à être le producteur, le transporteur et le distributeur, alors que sous d’autres cieux, ce sont des métiers bien distincts ?
Le respect des abonnés : pourquoi la SEEG ne se soucie-t-elle pas de dédommager les foyers qui perdent des biens périssables à cause de la rupture de la chaîne du froid inhérente consécutives aux coupures intempestives et de longue durée chaque fois observées ?
Au-delà de ces aspects, s’est posée la question de l’exploration, pour notre pays, des nouvelles sources d’énergie, l’énergie éolienne et l’énergie solaire, sans oublier le nucléaire à usage civil.
En termes prospectifs d’intégration et de mutualisation des infrastructures de production d’électricité du continent, les invités de l’émission ont exploré des pistes en évoquant les barrages d’Inga 1 et Inga 2, en République Démocratique du Congo.
Des études ont démontré que ces installations peuvent produire l’électricité dont l’Afrique a besoin, de l’Egypte à l’Afrique australe. C’est une des voies vers la mise en application des préconisations du Nepad, dont l’un des leviers pour parvenir à l’intégration africaine est l’interconnexion des infrastructures.
Abordant la question des responsabilités dans ce qui se passe aujourd’hui avec la SEEG, un des invités a survolé le « monitoring » de la privatisation de l’ancienne société nationale au profit de Veolia, une filiale de Vivendi dont le métier principal est l’eau, et non pas l’électricité.
A noter que la SEEG est actuellement détenue à 51% par ladite Veolia et qu’il y a deux ans, des délestages à répétition avaient conduit ladite société à importer des centrales de fuel lourd à un coût très élevé. La SEEG avait bénéficié, pour ce faire, de bonifications conséquentes de la part de l’Etat, en termes de droits à l’importation.