La tension monte à la Société gabonaise de raffinage (SOGARA), où les employés ont récemment menacé d’entrer en grève si la direction refusait l’intégration des travailleurs en sous-traitance conclue dans le protocole d’accord signé avec les partenaires sociaux. La SOGARA reconnait la légitimité de cette revendication mais elle est fortement handicapée par la crise.
La Société gabonaise de raffinage (SOGARA) est entrée dans un équilibre fragile, ballotée entre la baisse de la demande due à la récession économique mondiale, le coût des exigences écologiques des institutions internationales et le poids des réformes sociales exigées par les employés.
Le directeur général de la SOGARA, Jean Fidèle Otando, a annoncé que l’administration était entrée en négociations avec les employés suite au dépôt d’un préavis de grève le 13 mars.
Ceux-ci dénonceraient notamment la non application par l’administration du protocole d’accord signé par les deux parties en conflit, dont l’une des clauses porte sur l’intégration par un contrat indéterminé de travail, des travailleurs des entreprises de sous-traitance industrielle et de services qui ont plus de deux ans de services, conformément au Code du travail gabonais.
Le directeur général reconnaît la légitimité de cette revendication, mais y oppose un contexte économique et financier très défavorable pour dégager les fonds nécessaires à mettre en œuvre les revendications des employés sans risquer de couler la société.
Avec la réduction des subventions de l’Etat et de l’indexation des prix des produits pétroliers, les marges financières de la SOGARA ont également été considérablement réduites, et la société accuse aujourd’hui un déficit de 80 milliards de francs CFA pour la modernisation de ses installations.
Le directeur général de la SOGARA a expliqué que sur la base du pétrole brut «Mandji», la société élabore des produits finis distribués sur l’étendue du territoire national, notamment l’essence sans plomb, le gaz butane, le kérosène, le gasoil, le fuel ou le bitume, pour une capacité potentielle d’1,2 millions de tonnes par an.
Mais compte tenu de sa densité et de sa forte teneur en soufre, le brut «Mandji» ne permet pas à la SOGARA d’élaborer des produits qui soient conformes aux nouvelles recommandations internationales pour la lutte contre le changement climatique.
Pour pallier ce problème, la SOGARA doit importer un brut léger du Nigéria pour le mélanger au brut lourd «Mandji» afin de réduire sa teneur en soufre. A cet effet, la direction de la société a annoncé avoir besoin d’un budget de 80 milliards de francs CFA pour moderniser ses équipements et importer le brut léger du Nigéria.
Ces investissements devront par ailleurs s’accompagner d’une exonération des droits de douanes et d’un aménagement des tarifs de transports afin de limiter la répercussion sur les prix du marché local.
La direction estime enfin que l’équilibre financier de la société pourrait être affecté par le mécanisme et l’indexation des prix des produits pétroliers si un accord n’est pas signé entre le FMI et l’Etat gabonais.
Du côté des employés, on craint un licenciement économique des agents en raison de la baisse du taux de soutien de l’Etat au raffinage. Mais la direction a ouvert les négociations et sollicité la solidarité de ses employés pour permettre à la SOGARA de surmonter le creux de la vague et d’améliorer la qualité de ses produits.