Le nouveau président de transition de Madagascar Andry Rajoelina a annoncé jeudi la suspension des « activités de l’Assemblée nationale et du Sénat », 48 heures après son accession au pouvoir contestée par les Etats-Unis et l’Afrique australe.
Les pouvoirs du Parlement, largement dominé par les partisans de Marc Ravalomanana forcé de démissionner de la présidence, seront exercés par deux nouvelles institutions – une « Haute Autorité pour la transition » et un « Conseil pour le redressement économique et social » – ainsi que par le gouvernement, a déclaré à la presse le nouveau porte-parole du gouvernement, Augustin Andriamananoro.
Cette décision a été annoncée à l’issue du premier Conseil des ministres présidé par M. Rajoelina, 34 ans, surnommé « TGV » pour son caractère fonceur.
La « Haute Autorité pour la transition est garante du fonctionnement régulier des institutions et de la démocratie durant la période transitoire qui ne peut excéder 24 mois », a ajouté le porte-parole.
La Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a officiellement entériné mercredi l’accession au pouvoir de M. Rajoelina. Auparavant elle avait validé l’ordonnance par laquelle le président Ravalomanana, lâché par l’armée, a démissionné mardi en transférant les pleins pouvoirs à un directoire militaire, qui les a ensuite remis au chef de l’opposition.
M. Rajoelina, qui a rencontré jeudi le nouvel ambassadeur de France à Madagascar Jean-Marc Châtaigner venu « en visite de courtoisie », a estimé que la question de la reconnaissance de son pouvoir par la communauté internationale ne se posait plus. « La question n’est plus la reconnaissance, mais la façon dont nous allons diriger la transition », a-t-il assuré.
Pourtant, la communauté internationale, restée jusque-là prudente, a commencé jeudi à contester ce changement intervenu à la tête de l’Etat malgache après trois mois de crise entre MM. Rajoelina et Ravalomanana et une centaine de morts.
La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a indiqué qu’elle ne reconnaissait pas l’ancien maire d’Antananarivo dans ses nouvelles fonctions, appelant l’Union africaine (UA) à faire de même et menaçant de prendre des sanctions.
« La SADC ne reconnaît pas Rajoelina comme président car sa nomination viole non seulement la Constitution de Madagascar mais aussi les principes internationaux comme les protocoles de la SADC, de l’UA et des Nations unies », a indiqué, après une réunion extraordinaire, l’organe de sécurité du bloc régional dont la Grande Ile est membre.
L’Afrique australe, qui entend « aider à trouver une stratégie » de sortie de crise, prévient « qu’en cas de non respect et de non coopération par le régime de facto, la SADC considérerait des sanctions appropriées ou l’utilisation de tous les moyens disponibles pour rétablir l’ordre à Madagascar ».
Les Etats-Unis ont de leur côté estimé « non démocratique » ce changement à la tête de l’Etat et annoncé qu’ils étaient « en train d’évaluer l’impact que ce transfert va avoir » sur leurs relations avec le gouvernement de Madagascar.
La Norvège, quant à elle, a décidé de poursuivre le gel de son aide bilatérale, estimée à 10,3 millions d’euros par an.
L’UA a pour sa part reporté à vendredi une réunion sur la situation à Madagascar de son Conseil de paix et de sécurité qui était prévue jeudi à Addis Abeba.
Mercredi, l’ONU avait dit n’être pas en mesure de prononcer sur la légalité du nouveau pouvoir, tout en indiquant ne pas tolérer les « changements de gouvernement anticonstitutionnels »