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MADAGASCAR – « TGV » prend le pouvoir de vitesse

Les militaires ont finalement poussé l’ancien président Marc Ravalomanana dans ses derniers retranchements. Après 2 mois de conflits, l’opposant malgache Andry Rajoelina, surnommé « TGV » par ses partisans, a pris la tête d’un gouvernement de transition dans l’ île de l’océan indien.

(Rédaction Internationale) – 135 morts et une île fragilisée sur le plan économique et divisée sur le plan politique, c’est ce que l’on pourra retenir de ces 2 mois de conflits ouverts entre deux hommes souhaitant être à la tête de Madagascar. L’ancien DJ, Andry Rajoelina, aura finalement eu raison du « roi du yaourt », l’homme d’affaires Marc Ravalomanana.

Les soldats prennent les armes pour rétablir le calme

Les militaires, après avoir lancé un ultimatum pour la paix (voir notre article), sont sortis de leur neutralité et se sont ralliés à l’opposition. Lundi dernier, à 19 heures (heure locale), un groupe de soldats s’est emparé du palais présidentiel d’Ambohitsirohitra, en plein cœur d’Antananarivo. Le chef d’état-major de l’armée malgache précise alors à la presse que « 99% » des militaires soutiennent Andry Rajoelina. Le colonel André Ndriarijaona ajoute que « si Andry Rajoelina peut régler le problème, nous sommes derrière lui ». Marc Ravalomanana, réfugié dans le palais Iavoloha, à 10 km de la capitale, refuse de démissionner. Protégé par les hommes de sa garde présidentielle, il leur confie « je mourrai avec vous s’il le faut ».

Le début d’une nouvelle ère

Il n’aura pourtant fallu attendre que mardi après-midi pour que l’homme politique de 59 ans donne sa démission. « Cette décision a été très difficile et très dure, mais il fallait la prendre. C’est dans le calme et la sérénité que nous pouvons développer le pays », a déclaré Marc Ravalomanana dans une allocution radiotélévisée. Il a alors placé ses pouvoirs entre les mains d’un « directoire militaire » présidé par l’amiral Hyppolyte Ramaroson, le plus ancien officier dans le grade le plus élevé. Celui-ci au nom des forces armées a remis à son tour « les pleins pouvoirs à M. Andry Rajoelina pour qu’il devienne président d’une haute autorité de transition ». Les portes du palais présidentiel, une fois débarrassé de ses démons par des Mpiandry (des exorcistes protestants), sont alors grandes ouvertes à l’opposant malgache de 34 ans, qui avait déjà composé un gouvernement parallèle. Le nouveau président a promis la rédaction d’une nouvelle constitution pour aboutir à la « IVe République » et la tenue d’élections présidentielles et législatives d’ici 2 ans. Si Andry Rajoelina a enfin obtenu gain de cause, il n’est cependant toujours pas satisfait du sort du président déchu dont il demande l’arrestation immédiate pour « haute trahison ».

L’inquiétude de la communauté internationale

Bien que les partisans du nouveau président soient nombreux à avoir célébré cette victoire hier sur la place du 13 mai, les autorités internationales s’en réjouissent beaucoup moins. La constitution malgache prévoit qu’en cas de démission du président de la République, c’est le président de la Chambre haute du parlement qui doit prendre la tête du gouvernement de transition. Le président doit en outre avoir au moins 40 ans (Andry Rajoelina n’a que 34 ans nldr). L’Union Africaine avait précisé être opposée à toute passation de pouvoir contraire à la constitution. Le président sud-africain Kgalema Motlanthei, qui dirige la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) a ajouté que : « L’Afrique du Sud et la SADC n’approuveront jamais, dans aucun de ses Etats membres, un transfert de pouvoir anticonstitutionnel aux dépens d’un gouvernement démocratiquement élu ». Le secrétaire de l’ONU, Ban Ki-Moon, souhaite « une transition sans heurt par la voie démocratique ». La France, qui enverra prochainement un ambassadeur dans son ancienne colonie (il n’y en a plus depuis juillet 2008), s’est déclarée disponible pour « appuyer une solution entre Malgaches » et aider à la réconciliation nationale. Madagascar, qui est déjà l’un des pays les plus pauvres au monde, devra se remettre rapidement de cette crise politique qui a mis à mal ses deux principaux revenus économiques : l’industrie minière et le tourisme.

Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) jeudi 19 mars 2009

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