Contrairement aux rumeurs récurrentes d’exfiltration, tout porte à croire que l’ex-président malgache se trouvait encore ce vendredi sur la Grande Ile.
Mais où est passé Marc Ravalomana? Le sort du président déchu, disparu des écrans radars depuis le 17 mars, dope le moulin à rumeurs d’Antananarivo. On le dit tantôt réfugié dans une résidence d’ambassadeur, tantôt à l’abri loin de la Grande Ile. Selon des sources crédibles et concordantes, il n’en est rien. L’ex-chef d’Etat se trouverait toujours ce vendredi sur le territoire malgache. Et ce conformément à sa volonté. Hier, jeudi, il a ainsi signifié son refus de quitter le pays, en dépit de l’aval donné par son tombeur Andry Rajoelina, président de la « Haute Autorité de Transition » (HAT). Voilà qui, à l’évidence, reflète chez le réprouvé un changement de cap, opéré semble-t-il dans la nuit du 18 au 19 mars.
Jusqu’alors, « Ravalo » avait manifesté son désir de s’expatrier. Dans cette optique, il aurait sollicité tour à tour, mais en vain, les ambassades des Etats-Unis, d’Afrique du Sud, d’Allemagne et de Tanzanie. La France, pour sa part, lui avait fait savoir qu’elle était disposée à l’accueillir. Formule qui, à l’évidence, ne convenait nullement à l’intéressé. En revanche, tout indique que sa famille proche, notamment son épouse et plusieurs de ses enfants, ont quitté Madagascar en début de semaine à bord d’un vol Tana-Marseille. Pour l’anecdote, il semble que ces passagers pas comme les autres avaient alors envisagé de décoller pour l’île Maurice, mais étaient arrivés trop tard à l’embarquement …
Depuis, l’ex-première dame aurait quitté l’Hexagone pour un autre pays européen.
Samedi matin, Rajoelina « s’installe » au pouvoir
En dépit de l’interdiction faite aux dignitaires du régime de quitter le territoire national, d’autres personnages éminents ont pu s’éclipser. Notamment Ivohasina Razafimahefa, ex-ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie et secrétaire général du TIM, le parti du président destitué. Ce proche de Ravalomanana a pris place mercredi soir dans un avion d’Air France, là encore avec l’aval d' »Andry TGV ».
Une échéance cruciale attend celui-ci: sa cérémonie « d’installation » -et non « d’investiture », la nuance n’a rien d’anodin- programmée samedi matin au stade Mahamasina.
Le nouveau président malgache Andry Rajoelina prend un bain de foule le 18 mars 2009.
Supposé festif, ce rassemblement sera pour l’essentiel boudé par le corps diplomatique. On annonce la présence du nonce apostolique et de l’ambassadeur du Royaume du Maroc. En revanche, et sauf coup de théâtre, aucun de ses deux homologues ouest-européens présents à Tana -le Français et l’Allemand- n’apparaîtra au stade. Pas plus que le représentant local de l’Union européenne.
Il faut dire que le nouveau régime peine à se faire adouber par ses partenaires occidentaux tout comme par les instances internationales. L’Union africaine vient de suspendre Madagascar de ses instances; la Communauté de développement des Etats d’Afrique australe (SADC) condamne; les Etats-Unis dénoncent un processus de transfert de pouvoir « non-démocratique ». Quant à la présidence tchèque de l’UE, plus rigide en la matière que Paris, elle le qualifie de « coup d’Etat ».
Par Vincent Hugeux