Le ministère gabonais de l’intérieur a été sommé de verser 50 millions de FCFA de dommages et intérêts à M. Marc Ona Essangui, porte-parole de la société civile gabonaise et coordonnateur national de la coalition «Publiez ce que vous payez» (PCQVP), a appris APA.
La somme a été réclamée mardi à Libreville, par Me Homa Moussavou, l’avocat de M. Marc Ona Essangui, en guise de réparation du préjudice subi par son client, après s’être vu interdit la sortie du territoire national à quatre reprises par la police de l’air et des frontières (PAF).
M. Ona Essangui avait saisi la justice en août dernier, après avoir été empêché de quitter le territoire national en juin dernier, pour se rendre à New York pour assister à une conférence de Revenue Watch Institute, dans le cadre de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), une organisation regroupant les gouvernements, les bailleurs de fonds, la société civile et les organisations internationales.
Depuis 2004, le Gabon est membre de cette organisdation qui œuvre pour que les revenus du pétrole, du gaz et des minerais contribuent effectivement au développement des pays producteurs.
Après avoir été empêché de voyager pour Brazzaville, où il devait de prendre part à une conférence sur le rôle de la société civile en Afrique centrale, M. Ona Essangui s’était dit victime de harcèlement.
Le ministre de l’intérieur, M. André Mba Obame, avait, dans une interview à la presse, accusé M. Ona Essangui de s’immiscer dans le champ politique, pour justifier la décision lui interdisant la sortie du territoire national.
«Nous n’acceptons pas qu’on prive quelqu’un de son droit de circuler sans motif. Et si la République ne fonctionne pas selon un Etat de droit, alors c’est grave», a déclaré Me Homa Moussavou, l’avocat de Marc Ona Essangui, lors du procès qui s’est enfin ouvert, mardi à Libreville, après avoir été reporté à plusieurs reprises.
«Nous réclamons 50 millions de FCFA à l’Etat gabonais parce que la liberté n’a pas de prix», a ajouté Me Moussavou, qui a demandé à la justice de «faire son travail».
Fin décembre dernier, le couperet s’est abattu sur Marc Ona et trois autres membres de la société civile gabonaise. Accusés d’être à la solde des Organisations non gouvernementales (ONG) étrangères oeuvrant à déstabiliser le Gabon, ils ont été interpellés puis incarcérés à la maison d’arrêt de Libreville.
Il ont été remis en liberté provisoire une dizaine de jours plus tard.
L’avocat du ministère de l’intérieur, Me Maryse Issembet, s’est interrogé au nom de qui Marc Ona Essangui doit parler de la transparence des industries extractives.
Selon elle, les leaders d’ONG sont à la solde des Européens, des Américains…
L’affaire a été mise en délibéré pour le 17 juin prochain.