A l’ouverture du procès le 24 mars dernier à Libreville, qui oppose le leader de la société civile gabonaise, Marc Ona Essangui, au ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, l’avocat du plaignant a requis des dommages et intérêts de 50 millions de francs CFA de l’Etat gabonais. Le 6 juin dernier, le coordonateur local de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP) avait été frappé d’une interdiction de quitter le territoire alors qu’il embarquait pour New-York où il devait prendre part à une conférence sur la transparence des contrats sur les industries extractives en Afrique, et notamment au Gabon.
Dans l’affaire opposant l’un des leaders de la société civile gabonaise, Marc Ona Essangui, et le ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, l’avocat du plaignant a requis le 24 mars dernier des dommages et intérêts de 50 millions de francs CFA pour son client, frappé en juin dernier d’une interdiction «abusive» de quitter le territoire national.
Après plusieurs reports, le procès qui devait initialement s’ouvrir le 10 juillet dernier s’est finalement déroulé le 24 mars dernier au tribunal de première instance de Libreville.
La plainte de Marc Ona Essangui avait été déposée en août par son avocat conseil, maître Homa Moussavou, du barreau gabonais, à l’encontre du ministre de l’Intérieur à qui il demande de justifier l’interdiction de quitter le territoire national qui lui avait été donnée le 6 juin dernier, alors qu’il était attendu le 12 juin à New-York pour une conférence sur la transparence des contrats sur les industries extractives en Afrique, et notamment au Gabon.
«Nous n’acceptons pas qu’on prive quelqu’un de son droit de circuler sans motif. Et si la République ne fonctionne pas selon un Etat de droit, alors c’est grave», a plaidé maître Homa Moussavou lors de l’audience.
«Nous réclamons 50 millions de francs CFA à l’Etat gabonais parce que la liberté n’a pas de prix», a ajouté maître Moussavou, appelant la justice «à faire son travail», de façon impartiale.
«Marc Ona doit parler de la transparence des industries extractives au nom de qui ?», a lancé l’avocate du ministre de l’Intérieur, maître Maryse Issembet, accusant les leaders d’ONG «d’être à la solde des Européens, Américains».
Au terme des plaidoyers de chacune des parties, le juge du parquet de Libreville a placé l’affaire en délibéré pour le 17 juin prochain.
Monsieur Ona Essangui avait indiqué que le ministre gabonais de l’Intérieur n’en était pas à sa première tentative d’entraver une activité liée aux Droits de l’homme ou à la vie syndicale et associative constitutionnellement établies.
Au mois de juin dernier, il devait se rendre à New-York pour une conférence de Revenue Watch Institute. Il était également attendu en septembre à Brazzaville pour une conférence sur le rôle de la société civile en Afrique centrale, et devait se rendre en novembre à Dakar à l’invitation de la Banque Mondiale, mais n’a pu effectuer aucun de ces déplacements.
Le 14 février dernier, il avait encore affirmé avoir été empêché de quitter le territoire national alors qu’il devait se rendre à Doha pour une conférence de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).
Depuis quelques années, les prises de position des ONG dans la vie publique du pays suscitent de nombreuses tensions entre le ministère de l’Intérieur et la société civile gabonaise. En février 2008, André Mba Obame avait suspendu les ONG environnementales durant plusieurs mois en leur demandant de clarifier leurs statuts.
Avec cinq autres membres de la société civile gabonaise, Marc Ona avait été incarcéré du 7 au 12 janvier dernier à Libreville pour «détention d’un document en vue de sa diffusion dans un but de propagande» et «propagande orale ou écrite en vue de l’incitation à la révolte contre les autorités».