Suite à la création le 15 avril dernier à Paris du Fonds d’investissement pour l’agriculture africaine (FIAA), l’ONG française de développement CCFD-Terre Solidaire a dénoncé le fonctionnement de ce nouvel organe, qui ne serait pas adapté aux enjeux actuels de la sécurité alimentaire en Afrique. L’ONG explique que le mode de financement du FIAA devrait privilégier l’industrie agroalimentaire et les monocultures, qui produisent peu d’emplois et luttent moins efficacement contre la pauvreté et l’exode rural.
L’ONG française de développement CCFD-Terre solidaire a estimé le 15 avril dernier que la création du Fonds d’investissement pour l’agriculture africaine (FIAA) ne répondait pas aux objectifs et aux enjeux actuels de la lutte contre la faim.
Le CCFD-Terre solidaire s’est notamment inquiété du rôle assigné à l’Agence française de développement (AFD) de garantir les investissements privés et s’interroge sur les orientations de la coopération française en matière de développement agricole.
Le Secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a signé le 15 avril dernier une déclaration d’intention avec le président de la Banque africaine de développement (BAD) pour la création du FIAA.
Avec la création de ce fonds, l’AFD se propose de capter des fonds privés et des fonds souverains pour financer des projets agricoles en Afrique. L’AFD s’engage ainsi à assurer un retour sur investissement – financier ou en nature – de 5% minimum à ces investisseurs.
Loin de profiter aux petits producteurs les plus vulnérables, cette logique privilégie des projets tournés vers l’industrie agroalimentaire ou des monocultures peu pourvoyeuses d’emplois.
Le délégué général du CCFD-Terre solidaire, Antoine Malafosse, estime que «le rôle de l’Agence française de développement n’est sûrement pas de garantir de bons placements à des fonds d’investissement en quête de profit, ni de participer à l’accaparement des terres en Afrique par des investisseurs étrangers au détriment des plus pauvres».
Lors du sommet de la FAO à Rome en juin 2008, consacré à la crise alimentaire, Nicolas Sarkozy avait appelé à «mettre le paquet» sur l’agriculture vivrière. Le Président de la République avait alors annoncé un milliard d’euros pour l’agriculture africaine sur les 5 prochaines années. Ces annonces avaient été saluées par les acteurs de terrain qui œuvrent depuis des décennies pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire de l’Afrique.
Presqu’un an après, la France a gelé ses subventions à l’agriculture et le milliard annoncé reste une promesse. L’AFD s’apprête-t-elle à servir de caution financière à des fonds d’investissement sur des projets dont les agricultures familiales seront les grandes absentes.
Le CCFD-Terre solidaire rappelle que le soutien aux agricultures familiales constitue la clé de la lutte contre la faim. Ces agricultures familiales représentent en effet aujourd’hui 40% de la population mondiale, mais faute de soutien public et de protection, une majorité de ces petits producteurs sont contraints à une logique de survie. Ils constituent plus des deux tiers des affamés de la planète.