Le leader gabonais de la société civile, Marc Ona Essangui, président de l’ONG environnementale Brainforest et principal dénonciateur des répercussions écologiques du projet Bélinga, s’est vu décerner ce 20 avril l’un des cinq prix Goldman Environnement 2009, l’équivalent du Prix Nobel pour la défense de l’Environnement. Ce prix récompense son engagement dans la dénonciation des projets d’Etat qui menacent l’équilibre environnemental du pays, comme le projet d’exploitation du fer de Bélinga dans le Nord-Est gabonais, ou la construction d’un nouvel aéroport dans une forêt protégée au Nord de Libreville.
Le militant écologique gabonais Marc Ona Essangui, président de l’ONG environnementale Brainforest et coordonnateur national de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP/PWYP), s’est vu décerné ce 20 avril le Prix Goldman Environnement 2009 pour son engagement dans la protection de l’environnement au Gabon.
Marc Ona Essangui a notamment été distingué pour avoir mis en lumière et dénoncé le projet d’exploitation par les Chinois du gisement de fer de Bélinga, au Nord-Est du pays, mettant en danger la forêt équatoriale, en particulier le parc national de l’Ivindo abritant notamment des éléphants et des primates.
«Nous attendons la validation de cette étude d’impact environnementale par (…) le ministère gabonais de l’Environnement. Une fois que cette étude sera validée et soumise à l’appréciation du public, on pourra alors commencer à réfléchir sur le démarrage des activités. (…) Nous n’accepterons jamais que les travaux du gisement de fer de Bélinga démarrent sans que l’accent soit mis sur les aspects environnementaux», a rapporté Marc Ona.
«Nous n’accepterons pas qu’il y ait des activités illicites à l’intérieur des parcs sinon cela n’aurait servi à rien de dépenser autant d’argent pour la délimitation des parcs nationaux, pour la formation des éco guides», a-t-il expliqué.
«La superficie de 7500 km² attribuée aux Chinois n’était pas justifiée quand on considère que la mine couvre une superficie de 500 km². Nous avons exigé que cette superficie soit réduite, ce qui a été fait dans la dernière convention signée. (…) Il y a encore beaucoup de préoccupations au niveau de la durée de l’exonération de taxes. 25 ans sans payer de taxes, c’est inadmissible», poursuit le leader gabonais de la société civile.
«On peut se passer d’exploiter le fer de Bélinga. On peut laisser cette richesse pour les générations futures», a-t-il estimé, avertissant qu’«il ne faudrait pas que des opérateurs économiques extérieurs viennent dicter leur loi à nos hommes politiques. Nous le refusons».
Ses actions pour dénoncer la construction d’un aéroport au Nord de Libreville, dans la forêt protégée de la Mondah, ont également été saluées par le jury.
«C’est une reconnaissance internationale pour le travail que je fais depuis 1998, depuis que nous avons créé notre organisation Brainforest. (…) C’est une reconnaissance aussi pour le pays. Le Goldman Prize, est l’équivalent du Nobel pour l’environnement. Ce prix va récompenser cinq personnes dans les 5 continents et je suis le lauréat africain».
Alors qu’il avait été invité à San Francisco, aux Etats-Unis, pour la remise de prix, ses antécédents avec les autorités gabonaises ne lui ont pas permis de quitter le territoire national, les autorités étant toujours en possession de son passeport.
«J’ai été emprisonné une fois, c’était au mois de décembre 2008 et j’ai été empêche de quitter le pays 4 fois. Jusqu’à présent, j’ai une interdiction de sortie du territoire. (…) Je n’ai pas mon passeport pour le moment», a-t-il témoigné.
Frappé par la poliomyélite depuis l’âge 6 ans, Marc Ona Essangui a étudié la psychologie à l’Université de Libreville. Depuis la création de Brainforest en 1998, il est devenu l’un des leaders de la société civile gabonaise.
Les prix Goldman, d’une valeur de 150 000 dollars, récompensent chaque année depuis 1989 six personnes originaires d’autant de parties du monde. Cette année, les prix Goldman ont été décernés à Rizwana Hasan, qui a mené des actions contre des chantiers de démolition de bateaux au Bangladesh ; à la Russe Olga Speranskaya, en pointe dans la lutte contre la pollution chimique héritée de l’URSS ; à l’américaine Maria Gunnoe, opposante aux compagnies minières dans les Appalaches en Virginie occidentale ; à l’indonésien Yuyun Ismawati, spécialiste de la question du traitement des ordures, ainsi qu’à Wanze Eduards et Hugo Jabini, basés au Surinam et militants contre la déforestation.
Bravo à Marc Ona Essangui, ce valeureux défenseur de la nature au Gabon et formidable militant anti-corruption qui agit contre vents et marrées face aux plans destructeurs du régime bongoïste. Merci Marc Ona, car tu fais honneur à notre pays. Bon courage pour la suite, toi qui bouscule avec tenacité les puissances des ténèbres qui embrigadent encore notre cher et beau pays le Gabon. Que Dieu te protège !!!!!
Je ne saurais terminer mon propos sans remercier aussi le jury du Prix Goldman, qui vient ainsi de démontrer au peuple gabonais épris de changement que sa lutte permanente n’est ni vaine ni dépourvue de noblesse. Il faut maintenant exiger la liberté de circulation internationale pour notre ami Marc Ona !!!!