A Madagascar, la crise ne se dénoue pas. Depuis son exil en Afrique du Sud, Marc Ravalomanana, le président contraint de quitter le pouvoir en plein chaos il y a un mois, organise la résistance et prépare son retour « d’ici à quelques semaines » pour y « restaurer l’ordre constitutionnel ». Sur la Grande Ile, les manifestations en sa faveur dégénèrent. Lundi 20 avril, des tirs à balles réelles des forces de sécurité ont fait plusieurs victimes.
Alors que les membres de la Haute Autorité de transition, dirigée par Andry Rajoelina, ont annoncé avoir émis un mandat d’arrêt le concernant, M. Ravalomanana s’est défendu au cours d’une conférence de presse lundi à Johannesburg : « Je n’ai pas peur d’être arrêté, car j’ai confiance dans le travail de la SADC (l’organisme de coopération de l’Afrique australe) et de l’Union africaine. Ils ont un plan. »
L’Union africaine s’est opposée à la prise du pouvoir par Andry Rajoelina, le 17 mars, dans des circonstances qualifiées de « coup d’Etat civil et militaire ».
Marc Ravalomanana a affirmé, lundi, avoir abandonné le pouvoir « sous la menace d’une arme », en insistant : « Je n’ai pas démissionné. J’ai été obligé d’écrire l’ordonnance de transfert de pouvoir. »
Depuis, son tombeur, M. Rajoelina, tente d’asseoir son pouvoir. Son gouvernement, après des semaines d’attente, a été complété par une série de nominations. Mais l’organisation d’assises nationales ou de négociations avec le parti de M. Ravalomanana a tourné court. Ce dernier, de son côté, répétait lundi : « Je suis toujours le président de Madagascar. »
En offrant de « partager le pouvoir en formant un gouvernement d’union nationale » auquel pourrait participer Andry Rajoelina, l’ancien président Ravalomanana ouvre la voie à son retour, en proposant aussi de déterminer, par voie de référendum, s’il doit achever son mandat ou si des élections anticipées doivent être organisées.
MANIFESTATIONS QUOTIDIENNES
A Madagascar, la mobilisation des partisans de l’ancien président, un temps sonnés par sa démission et son départ, ne faiblit pas. Depuis des semaines, ses partisans réunissent pratiquement tous les jours une dizaine de milliers de personnes dans un parc du centre-ville où M. Rajoelina avait inauguré, en janvier, une place de la Démocratie.
Lundi, les manifestants se sont déplacés devant les bâtiments de la Haute Cour constitutionnelle, puis vers d’autres bâtiments de l’administration.
La dispersion a été violente, marquée par des jets de pierres des manifestants et l’usage d’armes par les forces de l’ordre. Deux manifestants auraient été tués, ainsi qu’un policier, selon un bilan officieux. Treize personnes ont été blessées, certaines grièvement.
Jean-Philippe Rémy avec Sébastien Hervieu (à Johannesburg)