Le groupe, fort de deux millions d’hectares de forêts, ne prélève pas plus d’un à deux arbres par hectare, tous les vingt-cinq à trente ans. Un producteur de bois tropicaux qui fait du respect de l’environnement l’un de ses chevaux de bataille, voilà qui semble quelque peu paradoxal. Dès 1995, pourtant, c’est-à-dire avant l’apparition de toute réglementation en matière de développement durable, le groupe français Rougier, qui produit et commercialise du bois africain, s’est ingénié à protéger la biodiversité sur ses deux millions d’hectares de concessions forestières, au Gabon, au Cameroun et au Congo. Non pas par simple philan- thropie mais, parce que la forêt n’étant pas extensible à l’infini, Rougier se devait de la laisser se régénérer, afin de préserver sa propre activité. Pour ce faire, le groupe ne prélève pas plus d’un à deux arbres par hectare, tous les vingt-cinq à trente ans.
à l’assaut de marchés
Aujourd’hui, ce n’est plus seulement pour protéger sa source de revenus, mais aussi pour conquérir de nouveaux marchés que Rougier continue de faire du respect de l’environnement l’une de ses priorités. En effet, nombre de clients dans des marchés matures comme l’Europe et les États-Unis n’achètent du bois tropical que si celui-ci a été extrait dans le respect de normes de développement durable édictées, entre autres, par des ONG (organisations non gouvernementales).
C’est dans cet esprit que Rougier travaille à obtenir la certification FSC (Forest Stewardship Council, une ONG fondée en 1993) pour la totalité des forêts exploitées par le groupe. Pari gagné l’an dernier au Gabon, avec l’obtention de la certification FSC pour la majeure partie des concessions du groupe dans ce pays. Rougier entend bien recevoir cette même certification FSC au Cameroun et au Congo. Mais le processus de certification est long (trois à cinq ans en moyenne) et plutôt coûteux. « Au cours des dix dernières années, nous avons investi plusieurs millions d’euros dans la démarche de certification », indique ainsi Francis Rougier, le président du directoire.
chiffre d’affaires en déclin
Des investissements particulièrement lourds dans le contexte actuel de dégradation de l’économie mondiale. Du fait de l’attentisme de ses clients et, partant, de prix de vente sous pression, Rougier a vu son chiffre d’affaires décliner de 11,2 % en 2008, à 158,5 millions d’euros, et son résultat net plonger dans le rouge. Le groupe est ainsi passé d’un bénéfice de 12,9 millions d’euros en 2007 à une perte de 3,1 millions l’an dernier.
Réduction des coûts, ajustement de la capacité de production à la demande, report des investissements non indispensables sont donc au programme de l’exercice an cours. À noter que le groupe a toute de même les coudées assez franches, son endettement financier net de 34,6 millions d’euros n’excédant pas 48 % des fonds propres. Ce bilan solide n’est pas passé inaperçu aux yeux des investisseurs : le cours de Bourse de Rougier gagne 2,16 % depuis le début de l’année, quand l’indice CAC 40 a perdu 6,6 %. Une satisfaction pour les actionnaires, au premier rang desquels figure la famille Rougier, avec 46,37 % du capital, suivie par les sociétés d’investissement Financière de l’Échiquier (4,92 %) et Louvre Gestion (4,84 %). n
rougier
Scierie de Mbouma Oyali. En 2008, Rougier a décroché le certificat de bonne gestion forestière FSC pour ses filliales de production au Gabon.
source: la tribune